Pas d'embellie pour l'emploi en 2014 dans la zone euro: selon l'OCDE, le chômage devrait atteindre un niveau record de 12,3% à la fin de l'année prochaine, l'organisation internationale appelant les États à «redoubler d'efforts» pour endiguer celui des jeunes, qui gangrène le continent.

À l'avant-veille d'une réunion des ministres du Travail du G20 à Moscou, l'Organisation de coopération et de développement économiques met en évidence des «écarts importants et croissants entre les pays».

Le chômage devrait en effet grimper autour de 28% fin 2014 en Espagne et en Grèce, pays les plus durement touchés, et dépasser le seuil des 11% en France. À l'opposé, l'Allemagne devrait voir son taux passer en deçà de 5%.

Aux États-Unis, le chômage devrait aussi décroître, en dessous de 7%.

Globalement, d'après les «Perspectives de l'emploi 2013», le taux de chômage moyen des 34 pays de la zone OCDE, les plus riches de la planète, ne devrait «reculer que légèrement» au cours des 18 prochains mois, passant de 8% en mai 2013 à 7,8% fin 2014.

Au total, environ 48 millions de personnes -- soit presque 16 millions de plus qu'en 2007, avant la crise -- sont sans emploi dans la zone OCDE.

Cette année, des taux de chômage inférieurs à 5% sont enregistrés dans seulement cinq États: Autriche, Corée du Sud, Japon, Norvège et Suisse.

«Les cicatrices sociales de la crise sont loin de s'effacer. Nombre de nos pays membres sont toujours confrontés à un chômage élevé et persistant, notamment chez les jeunes», estime Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, cité dans un communiqué. M. Gurria appelle les pays membres «à redoubler d'efforts».

Fin mai, ces derniers se sont engagés, dans «un plan d'action», à «accélérer» leurs efforts pour «s'attaquer au chômage élevé des jeunes et renforcer leurs systèmes éducatifs» (garantie de ressources aux jeunes chômeurs, mesures pour réduire le taux d'abandon scolaire...).

L'OCDE relève ainsi que les taux de chômage des jeunes se situent toujours à des «niveaux sans précédent» dans de nombreux pays, à commencer par ceux du sud de l'Europe: plus de 60% en Grèce, 55% en Espagne et 40% environ en Italie et au Portugal.

Les dépenses en faveur des chômeurs en baisse de 20%

«S'il y a eu des signes encourageants de reprise de la croissance de l'emploi aux États-Unis, cette tendance a été contrebalancée par le retour de la récession dans la zone euro, associée à un taux de chômage qui a continué à augmenter, atteignant le niveau record de 12,1% en avril 2013», souligne dans le rapport Stefano Scarpetta, chef de la direction de l'emploi, du travail et des affaires sociales.

Les personnes en contrat précaire, en particulier les jeunes et les travailleurs peu qualifiés, «ont souvent été les premiers à être licenciés lorsque la crise a débuté, et ont depuis de sérieuses difficultés à retrouver un emploi», note l'OCDE, qui tire également la sonnette d'alarme sur la situation des chômeurs de longue durée.

«Un nombre croissant de personnes ayant été longtemps au chômage pendant la crise risquent de perdre leurs droits aux allocations chômage et de devoir se contenter d'une aide sociale moins généreuse», dit encore l'OCDE. Selon elle, «il sera peut-être nécessaire de renforcer les prestations de revenu minimum».

L'OCDE insiste aussi sur la nécessité de renforcer les politiques visant à aider les chômeurs à trouver un emploi (aide à la recherche d'emploi, formation), «tout en veillant à ce que ces initiatives bénéficient de financements suffisants».

D'après l'organisme, «les dépenses consacrées aux chômeurs ont nettement diminué depuis le début de la crise, de près de 20% par chômeur en moyenne dans l'OCDE, à mesure que les tensions s'accumulent sur les budgets publics».

In fine, «les travailleurs âgés s'en sortent mieux pendant la crise, puisque leur taux d'emploi augmente ou ne baisse que légèrement». Selon l'OCDE, cela ne se fait toutefois «pas au détriment des jeunes».