Derrière le parachutiste-aventurier autrichien Felix Baumgartner, qui a franchi pour la première fois le mur du son dimanche lors d'un saut en chute libre, se trouve l'imposante machinerie du groupe de boissons énergisantes Red Bull et son fondateur, le milliardaire autrichien Dietrich Mateschitz.

La boisson énergisante la plus vendue au monde, une écurie de Formule-1 qui accumule les titres, plusieurs clubs de football, une collection d'avions anciens et une île du Pacifique, tout cela fait partie de «l'empire Mateschitz».

À 68 ans, ce célibataire au sourire étincelant et au teint hâlé était en 2012 avec 5,3 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros) la 193e fortune mondiale et la première d'Autriche, selon le magazine américain Forbes.

Un succès dû à une heureuse découverte en Asie et un grand talent pour le marketing.

Du dentifrice à Red Bull

Né en 1944, Dietrich Mateschitz fait des études d'économie à Vienne puis commercialise du café puis des dentifrices.

A ce poste, il sillonne le monde et découvre en Asie les boissons énergisantes, encore inconnues en Europe. Assis au bar de l'Hôtel Mandarin à Hong Kong, il décide de creuser cette opportunité et, à 40 ans, de devenir entrepreneur.

En 1984, il crée avec son collaborateur thaïlandais, Chaleo Yoovidhya, décédé cette année, Red Bull, une boisson énergisante contenant de la taurine, des vitamines et de la caféine. Frappée du taureau rouge, elle deviendra la marque autrichienne la plus connue dans le monde, lancée en 1987 et désormais distribuée dans 164 pays.

Mateschitz, qui détient 49% de Red Bull, crée ainsi un nouveau marché, sur lequel Red Bull est le leader incontesté, devant tous les substituts inventés pour le concurrencer, vendant pas moins de 4,6 milliards de canettes en 2011 pour un chiffre d'affaires de 4,25 milliards d'euros.

«Vous ne portez pas une Rolex fabriquée à Hong Kong. L'original est l'unité de mesure pour tout», a-t-il expliqué dans l'une de ses rares interviews.

Ce fils d'instituteur est aussi un féru de sports automobiles et extrêmes, une image qu'il s'efforce d'insuffler à sa marque: sportive, branchée et légèrement tête brûlée.

Ainsi, en 2005, Red Bull se lance en Formule-1: le million d'euros investi au départ dans Red Bull Racing a déjà permis la conquête de deux titres mondiaux de constructeur en 2010 et 2011, doublés d'un pilote lui aussi champion du monde ces mêmes années, l'Allemand Sebastian Vettel, depuis dimanche en tête de la course au titre en 2012 après sa victoire au Grand Prix de Corée du Sud.

Mateschitz fait du sport la meilleure publicité de Red Bull, partenaire de diverses compétitions sportives allant du kite-surfing aux acrobaties aériennes. Il possède les clubs de football de New York et Salzbourg, une écurie de Nascar, tandis que les casques de la reine du ski alpin, l'Américaine Lindsey Vonn, et du champion du monde de rallye, le Français Sébastien Loeb, sont frappés du taureau rouge.

S'il a élu domicile près de Salzbourg, la ville natale du compositeur Wolfgang Amadeus Mozart, Dietrich Mateschitz n'a pas pour autant oublié sa Styrie natale, où l'enfant du pays s'est constitué un petit empire touristique fait de maisons d'hôtes et de châteaux rénovés à destination de la clientèle huppée.

Son luxe à lui, c'est une île des Fidji, avec villa et sept chalets pour les invités, achetée en 2007 pour sept millions de livres. Une retraite isolée qui convient à celui qui n'apprécie ni les soirées mondaines, ni s'étendre sur sa vie privée. C'est tout juste si on lui connaît un fils, né en 1993.