Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a récusé dimanche l'idée que l'euro soit «menacé» par la crise de la dette, mais a plaidé pour une réforme des traités de l'UE pour empêcher que les dérapages d'un pays de la zone ne menacent les autres.

«Demain, à mon avis, il faut changer le traité pour être capable d'empêcher un membre de la zone euro de vagabonder et de créer des problèmes pour tous les autres», a déclaré en allusion à la Grèce M. Trichet, qui était interrogé sur la radio française Europe 1 et la chaîne d'information continue TELE.

«Il faut être capable de faire cela parce que c'est la leçon de la crise», a-t-il martelé.

Il a plaidé pour une réforme qui rendrait le Conseil européen «capable d'imposer des décisions» à un pays en dérapage «sur la base d'une proposition de la Commission, avec des règles appropriées de majorité».

«La leçon de la crise, c'est qu'il faut en effet aller plus loin que les recommandations, éventuellement avec (des) sanctions», a-t-il ajouté.

Au delà des mesures d'urgence sur lesquelles elle planche pour endiguer la contagion de la crise grecque, l'Europe, qui avait juré de ne plus revenir sur ses traités après les déboires du traité de Lisbonne, a donné récemment les premiers signes d'un possible revirement vers un nouveau changement de texte.

Les propos de Jean-Claude Trichet s'inscrivent dans le sillage de ceux d'Angela Merkel, qui a donné le ton début octobre en affirmant lors d'une visite à Bruxelles que «réviser les traités européens ne doit pas être un tabou».

Abondant dans le sens de la chancelière allemande, le président français Nicolas Sarkozy avait fait savoir le 8 octobre que Paris et Berlin proposeraient des «modifications importantes» des textes européens.

Il s'était également dit favorable à une plus grande «intégration» de la zone euro, sans préciser le contenu de sa pensée.

Dimanche, à un peu plus de deux semaines de son départ de la présidence de la BCE, qu'il s'apprête à céder à l'Italien Mario Draghi, Jean-Claude Trichet a assuré ne «pas du tout» croire «que la zone euro soit menacée» par la crise actuelle.

«Je crois encore moins que l'euro lui-même en tant que monnaie soit le moins du monde menacé», a-t-il souligné.

Il a insisté en revanche sur la nécessité pour tous les Européens d'être «extrêmement vigilants» en matière de finances publiques: «tous les pays (de la zone) sans aucune exception doivent être extrêmement vigilants, tous les pays sans exception doivent être extrêmement prudents».

«Le bon sens consiste à se protéger, à prémunir plutôt que guérir... Il est très important de surveiller attentivement les politiques budgétaires», a-t-il souligné.

«Il dépend de nous que nous puissions avoir le moins de ralentissement de la croissance», a ajouté le président de la BCE, au lendemain de la réunion des ministres des Finances du G20 à Paris.