Les leaders mondiaux doivent prendre des mesures décisives pour rétablir la confiance des entreprises s'ils souhaitent empêcher une nouvelle récession internationale de se produire, a soutenu le premier ministre Stephen Harper dimanche lors de son passage sur un plateau télévisé américain.

Ses propos faisaient écho à la position défendue par le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui a pressé les leaders européens de doubler la somme prévue pour leur fonds d'urgence. M. Carney a également grondé la communauté bancaire internationale pour s'être montrée récalcitrante face aux nouvelles règles qui pourraient éviter au secteur de se ruiner.

M. Harper a affirmé, lors d'une entrevue accordée au réseau NBC et diffusée dimanche matin, être convaincu qu'il est possible de maintenir la croissance économique et d'éviter une récession si les leaders prennent les bonnes décisions.

Il a ajouté que si la récession survenait, ce serait seulement dû à une accumulation d'un manque de confiance dans la gestion de «certains gros problèmes».

Le premier ministre conservateur a aussi souligné que les entreprises qui ne font pas confiance aux gestionnaires de l'économie mondiale étaient assises sur une mine d'or en termes de capitaux non investis. Cet argent pourrait être injecté pour maintenir un bon roulement des finances mondiales, a-t-il plaidé.

Les marchés financiers ont chuté au cours des derniers jours partout à travers le monde, même au Canada, alors que les signes de récession augmentent. L'Europe fait face à une crise de la dette souveraine, tandis que la Grèce pourrait se retrouver en défaut de paiement et que l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et l'Italie sont eux aussi confrontés à de sérieux défis en ce qui a trait à leur dette.

Les États-Unis sont de leur côté aux prises avec un taux de chômage croissant et de lourds déficits.

Mark Carney avait par ailleurs abordé dimanche l'une des questions les plus délicates et controversées relatives au système financier américain, rejetant du revers de la main les préoccupations - ou les excuses -, entourant la réforme bancaire.

À l'occasion d'un discours prononcé à l'Institute of International Finance, à Washington, M. Carney s'est porté à la défense des nouvelles règles internationales, et il a qualifié ceux qui y résistent de fatalistes.

Le gouverneur de la banque centrale a observé que le fatalisme de certains critiques avait mené aux abus et à la prise de risques excessifs ayant provoqué l'effondrement du système il y a quatre ans, ce qui a entraîné la récession qui hante encore l'économie.

«Il y a quatre ans, des déficiences manifestes aux plans de l'adéquation des fonds propres, des volants de liquidité et de la gestion des risques ont entraîné l'effondrement de firmes parmi les plus prestigieuses du monde de la finance et provoqué la plus grave crise financière depuis la Grande Dépression», a-t-il dit.

«Les pertes de production de quelque 4 billions de dollars et la destruction de près de 28 millions d'emplois lors de la récession qui s'est ensuivie constituaient alors un argument éloquent en faveur de la réforme et ils le restent aujourd'hui», a ajouté M. Carney.

L'allocution du gouverneur de la Banque du Canada faisait suite à deux journées de rencontres dans la capitale américaine lors desquelles des décideurs du monde entier se sont penchés sur les conséquences de la récession et ont tenté de trouver des solutions devant empêcher les économies de traverser de nouveau une période de ralentissement.

M. Carney a estimé qu'il ne fallait pas oublier ce qui a provoqué la crise ayant secoué le monde.

«On est en droit de se demander en quoi un recul serait productif, a-t-il dit. Par ailleurs, à un moment où la conviction des décideurs publics sur de nombreux enjeux est remise en question, il semble bien peu opportun d'entretenir cette inquiétude.»

Le Canada et certains autres pays qui n'ont pas souffert d'un effondrement de leur système bancaire estiment que les banques se soumettront entièrement aux exigences des nouvelles règles relativement tôt dans la période de transition, qui commencera en janvier 2013, a-t-il affirmé.

M. Carney a ajouté que certains États adopteraient même des règles plus rigoureuses.

Sans parler de façon spécifique des États-Unis, le gouverneur a parlé des principales préoccupations entourant la réforme et s'est appliqué à démontrer qu'elles n'étaient pas fondées.