Bien que la possibilité d'un compromis était évoquée en coulisse, les pays de l'Union européenne (UE) peinaient toujours hier à s'entendre sur la marche à suivre pour aider la Grèce à surmonter sa crise financière.

Ils risquent d'arriver en ordre dispersé aujourd'hui à Bruxelles pour un sommet de deux jours censé marquer, au dire de plusieurs ténors politiques, un moment clé pour rassurer les marchés et enrayer, du même coup, la chute de l'euro.

«Nous sommes à la croisée des chemins. La Grèce peut créer des dommages sérieux à l'euro ou nous pouvons apprendre de la crise», a prévenu le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Oli Rehn.

Il faisait ainsi écho au président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, qui réclame l'annonce d'une action «coordonnée et déterminée» lors du sommet.

M. Barroso souhaite qu'un mécanisme européen basé sur des aides bilatérales soit approuvé de manière à assurer la stabilité de la zone.

L'Espagne, qui préside actuellement l'Union européenne, a abondé dans ce sens en soulignant que la rencontre constituait un «moment important pour l'avenir» de l'organisation et de sa devise.

Un responsable allemand a déclaré hier, sous le couvert de l'anonymat, qu'il n'y aurait pas d'annonce concrète sur la Grèce lors du sommet. Le contredisant, un haut responsable européen a fait état d'une «possible solution de synthèse» sur le dossier grec qui conférerait un rôle important au Fonds monétaire international (FMI).

Berlin, sous la houlette de la chancelière Angela Merkel, adepte de l'orthodoxie financière, se montre réticente depuis de semaines à venir en aide à la Grèce. Sa fermeté lui vaut des comparaisons avec la Dame de fer anglaise, Margaret Thatcher.

La position allemande n'est pas dénuée d'arrière-pensées politiques, puisque le gouvernement fait face à une importante élection régionale et doit prendre en considération l'opposition de la population à une telle aide. Plus de 40% des Allemands sont favorables à ce que le pays soit carrément exclu de l'Union européenne.

Athènes, qui cherche un soutien européen pour financer sa dette à moindre coût que sur les marchés, a haussé le ton contre Berlin, allant jusqu'à reprocher au pays de cautionner les pratiques spéculatives de banques allemandes à son encontre.

La France, qui est favorable à un plan d'aide à la Grèce, a parallèlement critiqué l'Allemagne, dépassant le cadre de la crise pour s'en prendre à la politique économique du pays.

La ministre de l'Économie française, Christine Lagarde, a déclaré que l'Allemagne devait réduire les impôts pour relancer sa consommation interne, de manière à favoriser les exportations de ses partenaires européens.

Loin de céder aux injonctions, Berlin a insisté pour que toute intervention vienne d'abord du FMI, solution à laquelle s'est finalement ralliée la France. Depuis, «chacun évolue, tout le monde y met du sien», souligne un diplomate européen.

Selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, la Grèce pourrait se voir proposer plus de 20 milliards d'euros d'aide sous forme de prêts à taux réduit, les deux tiers de la somme provenant du FMI. Le reste parviendrait, sur une base volontaire, de pays de l'UE.

Tandis que les dirigeants européens poursuivaient leurs tractations, l'agence de notation Fitch a annoncé hier la décote de la dette portugaise, évoquant la fragilité structurelle de l'économie du pays et son fort endettement.

La décision fait écho à la mise en garde du directeur général adjoint du FMI, John Lipsky, qui prévenait les pays riches il y a quelques jours du «risque d'une possible contagion» en raison de l'explosion des dettes étatiques.