Les Chinois ont nettement réduit en décembre leurs détentions d'obligations d'État américaines, laissant aux Japonais la place de premiers créanciers de Washington pour la première fois depuis le pic de la crise financière en septembre 2008.

Selon des données publiées mardi par le département américain du Trésor, les prêteurs japonais (publics et privés) détenaient en décembre 768,8 milliards de dollars de bons du Trésor, soit 1,5% de plus qu'en novembre.

Ils regagnaient ainsi la place de premiers créanciers des États-Unis qu'ils avaient perdue en septembre 2008, le mois de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers.

En décembre, les Chinois (hors Hong Kong) détenaient 755,4 milliards de dollars de bons du Trésor, soit 4,3% de moins qu'en novembre. C'est la première baisse de leur portefeuille depuis mai, et la plus forte depuis août 2000.

«Peu à peu, nous obtenons confirmation que la bravade des Chinois prétendant se débarrasser de la dette américaine n'est que trop réelle», a commenté l'un des blogs financiers les plus lus aux États-Unis, Zero Hedge.

La confiance de la Chine dans la dette américaine est un indicateur surveillé de près à Washington.

La Chine détient les plus grandes réserves de changes du monde, avec près de 2400 milliards de dollars fin décembre. Et l'intention est régulièrement prêtée à Pékin de diversifier la répartition de ces avoirs, pour réduire la prédominance d'un dollar dont la valeur tend à baisser depuis environ huit ans.

Alors que l'économie américaine traversait l'une des pires crises de son histoire, début 2009, la banque centrale chinoise avait publiquement remis en cause le rôle de monnaie de réserve internationale du billet vert.

Jusqu'où les Chinois financeront-ils le colossal déficit public américain? Depuis décembre 2008, le prix de revente des titres de dettes du Trésor sur le marché obligataire a chuté, faisant fondre la valeur des avoirs chinois ainsi placés. L'année 2009 a été la pire pour ces titres depuis au moins trente ans.

«Même s'ils ne sont pas sur le marché à les vendre (autant que nous sachions), ils ont tendance à acheter des titres à maturité plus courte. Cela leur donne une porte de sortie plus rapide», avance Brad Rogers, observateur des marchés de taux et président d'une société d'immobilier.

La Chine ne publie pas la répartition de ses réserves entre devises ou actifs. Beaucoup pensent que la part du dollar ne cesse d'y baisser, comme dans les autres pays du monde.

L'impact de la situation économique intérieure chinoise est également incertain. En décembre, le crédit s'est emballé en Chine, le total des nouveaux prêts des banques bondissant de près de 29% par rapport au mois précédent, laissant penser à un rapatriement de fonds vers le pays.

Parallèlement, les résidents d'un autre pays ont tendance à augmenter fortement leurs avoirs en bons du Trésor. Les Britanniques, troisièmes détenteurs au monde, en possédaient en décembre 302,5 milliards de dollars, soit 9,0% de plus que le mois précédent, et 131% de plus qu'un an auparavant.

L'identité des banques ou fonds à l'origine de ce mouvement spectaculaire n'est pas connue.