L'Union européenne a été longue à apporter son soutien à la Grèce en raison de ses «divergences» et s'est montrée timide face aux marchés financiers, a estimé vendredi le premier ministre socialiste grec, Georges Papandréou.

M. Papandréou s'exprimait au cours d'un conseil des ministres à Athènes, au lendemain du sommet de Bruxelles. Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne, réunis jeudi sur la question de la crise budgétaire grecque, ont exprimé leur «plein soutien aux efforts du gouvernement grec et à son engagement à prendre toutes les mesures nécessaires» pour réduire de quatre points son déficit cette année, sans toutefois annoncer de mesures concrètes.

La Grèce fait l'objet d'attaques spéculatives sur les marchés, en raison de l'ampleur de son déficit budgétaire, évalué à quelque 12,7 pour cent de son produit intérieur brut (PIB) en 2009.

L'UE, a constaté M. Papandréou, a apporté son «soutien politique» au plan de redressement des finances grecques. Toutefois, souligne-t-il, «dans la bataille contre les impressions et la psychologie des marchés», elle s'est montrée «pour le moins timide». La Grèce, a-t-il noté, «n'est pas une superpuissance politique ou économique, capable de livrer seule cette bataille».

Le chef du gouvernement grec a regretté que l'UE, au cours des derniers mois, ne se soit pas exprimée rapidement d'une seule voix. Il y a eu au contraire ces derniers mois des «divergences» et «déclarations contradictoires», a regretté M. Papandréou. Il a cité un «manque de coordination entre les différents organes de l'Union, la Commission, les États-membres, la banque centrale. Même les opinions au sein de ces organes divergeaient», a-t-il dit.

M. Papandréou a accusé le précédent gouvernement conservateur grec de falsification des statistiques du déficit, précédemment évalué à 3,7 pour cent du PIB pour 2009. Sur ce point, estime-t-il, l'Union européenne a tenté de «dissimuler ses responsabilités derrière la Grèce. La responsabilité de l'Union européenne, de la Commission, et même d'Eurostat» était d'être «vigilants et de signaler au précédent gouvernement sur quel terrain glissant il se trouvait», a-t-il dit.

Dans leur déclaration finale jeudi, les dirigeants de l'UE ont assuré que tout sera fait pour faire en sorte que les «objectifs ambitieux» de la Grèce, inscrits dans le programme de stabilité pour 2010 et les années suivantes, seront respectés.

Les 16 États membres de la zone euro «prendront, si nécessaire, des mesures résolues et coordonnées pour assurer la stabilité dans l'ensemble de la zone», ont-ils conclu, en faisant observer que «le gouvernement grec n'a demandé aucun soutien financier».

Reste qu'en l'absence de garanties financières, la déception a prévalu jeudi sur les marchés, les investisseurs ne voyant rien dans cette déclaration de solidarité de l'UE qui puisse les rassurer sur la capacité de la Grèce à faire face à ses prochaines échéances, d'autant qu'Athènes devra emprunter cette année 54 milliards d'euros pour couvrir son déficit budgétaire.

Quant à la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, elle a jugé vendredi que le «moment de vérité» concernant la Grèce viendrait en mars, quand les Européens viendront contrôler les efforts effectués par les Grecs pour réduire leurs déficits. Mais la zone euro n'a «pas besoin du financement» du Fonds monétaire international, a-t-elle assuré.