Alors que le marché immobilier affiche des signes de surchauffe à Vancouver, à Toronto et dans plusieurs autres villes du pays, il peine à reprendre du tonus à Montréal. En fait, selon des données publiées hier, la métropole québécoise vient d'enregistrer son plus faible niveau de transactions en 10 ans. Tour d'horizon.

Recul de 5%

Avec 11 461 transactions réalisées par des courtiers le printemps dernier, les ventes affichent un recul de 5% dans la région métropolitaine. «Il s'agit de la troisième baisse trimestrielle consécutive et du plus faible niveau de transactions pour un deuxième trimestre depuis 2004», indique la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ). Les ventes ont reculé autant dans le créneau des maisons unifamiliales (-5%) que dans ceux des copropriétés (-3%) et des plex (-10%).

Plusieurs facteurs

Pour expliquer ces résultats décevants, qui persistent depuis plusieurs trimestres déjà, la FCIQ avance plusieurs facteurs. L'organisme blâme la campagne électorale du printemps, ainsi que le marché de l'emploi «déprimé» de la métropole. Quelque 20 000 postes ont disparu depuis un an, ce qui a fait grimper le taux de chômage à plus de 8% à Montréal. En outre, moins de 50% des consommateurs estiment que le moment est propice pour réaliser un achat important, d'après Statistique Canada, ce qui n'a rien pour stimuler le marché immobilier.

34 862 propriétés à vendre

Plus que jamais, les acheteurs ont la main haute - et l'embarras du choix - au moment de réaliser une transaction à Montréal. On retrouve 34 862 propriétés à vendre sur le réseau Centris, en hausse de 10% sur un an. Du jamais-vu. Et cela exclut toutes les résidences à vendre sans intermédiaire, elles aussi très abondantes. Conséquence directe: les délais de vente ont fortement augmenté, surtout dans le segment de la copropriété. Les vendeurs mettent ainsi 117 jours en moyenne à trouver un preneur, ce qui représente une hausse de 16 jours depuis un an.

Les prix stagnent dans les condos

Malgré une demande en baisse et un nombre record de propriétés à vendre, les prix médians se maintiennent. Dans le Grand Montréal, les maisons unifamiliales se sont ainsi vendues 285 000$ au deuxième trimestre (+ 1% sur un an) comparativement à 228 000$ pour les condos (0%) et 437 500$ pour les plex de 2 à 5 logements (+ 2%). Ces chiffres cachent toutefois d'importantes disparités entre les différents secteurs de la métropole, avec des quartiers en forte hausse et d'autres qui affichent des baisses salées.

Là où ça va bien...

Les quartiers cossus du centre de Montréal - Mont-Royal, Outremont, Hampstead, Westmount et Montréal-Ouest - ont affiché une performance surprenante au deuxième trimestre. Les ventes de maisons unifamiliales ont progressé de 6%, avec 133 transactions, et le prix médian s'est accru de 11%, à 1,16 million de dollars. Le Plateau-Mont-Royal a aussi affiché une bonne tenue, avec des ventes de condos stables et un prix médian en hausse de 6% (à 338 000$). Même portrait dans Villeray, avec une hausse de 12% des transactions de copropriétés et un prix médian en progression de 17% depuis un an (à 255 000$). L'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie est, quant à lui, celui où le stock d'appartements est le plus serré, ce qui permet au marché de rester en territoire «équilibré».

... et moins bien

Le boom de construction des dernières années se fait sentir dans l'arrondissement de Ville-Marie, qui englobe le centre-ville. Le nombre de condos à vendre a explosé de 27% au deuxième trimestre, avec 1951 appartements disponibles (en excluant ceux qui sont offerts directement par les promoteurs). Le prix médian des copropriétés a fléchi de 2%, à 300 000$, tandis que le délai de vente moyen s'est allongé de 37 jours, à 140 jours. Seule embellie: les ventes ont progressé de 1%. En banlieue, les ventes ont reculé de 1% à Laval, de 7% dans la couronne nord et de 3% sur la Rive-Sud au deuxième trimestre.