La maison montréalaise Joseph Ribkoff crée depuis 60 ans des collections de vêtements destinées aux femmes de 45 ans et plus qui sont exportées dans plus d’une soixantaine de pays.


En novembre 2017, le fonds Novacap a pris une position majoritaire dans l’entreprise de mode et de confection de vêtements lorsque son fondateur, Joseph Ribkoff, a décidé de passer le relais tout en conservant une participation minoritaire.

Un an après avoir pris la direction de l’entreprise, le nouveau PDG John Gunn nous explique quelles sont les priorités qu’il s’est fixées pour assurer la poursuite de l’expansion internationale du concepteur et fabricant montréalais.

Novacap a pris une participation majoritaire dans une entreprise en bonne santé financière, en croissance et qui avait un modèle bien à elle, est-ce qu’il y avait des choses qu’il fallait changer ?

Joseph Ribkoff est une grande marque canadienne qui obtient beaucoup de succès aux États-Unis, en Europe et partout dans le monde.

L’entreprise a toujours été profitable et a affiché au cours des cinq dernières années une croissance annuelle composée de 11 %, mais elle avait des problèmes de capacité de production qui ont amené le fondateur Josepk Ribkoff à créer, en 2010, une division de fabrication en Bulgarie.

C’est un pays à faibles coûts de production, mais surtout avec une très abondante main-d’œuvre. Aujourd’hui, la Bulgarie est responsable de 18 % de notre production totale.

Le problème qu’on avait, c’est que la moitié des vêtements fabriqués en Bulgarie revenait notre à centre de distribution de Montréal pour être réacheminée par la suite dans des magasins en Europe. Ça n’avait pas de sens.

On va donc ouvrir la semaine prochaine un centre de distribution en Bulgarie qui va nous permettre de rationaliser nos opérations et d’y augmenter notre production.

À Montréal, où on fait fabriquer 80 % de nos vêtements, on ne compte plus que 18 000 machines à coudre et en raison du vieillissement de la main-d’œuvre, on perd chaque année 5 % de nos capacités de production. En Bulgarie, on recense 86 000 machines à coudre…

PHOTO FOURNIE PAR JOSEPH RIBKOFF

Il existe 600 points de vente de la marque Joseph Ribkoff au Canada et 800 aux États-Unis.

Vous vendez vos vêtements dans 64 pays, est-ce qu’il y a un marché qui affiche une plus grande expansion que les autres ?

On est une marque forte au Canada, mais ce sont les États-Unis qui représentent notre plus gros marché, le Canada vient en deuxième place. On a 600 points de vente ici et plus de 800 aux États-Unis.

On est forts en Europe, en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Grande-Bretagne, mais la marque Joseph Ribkoff n’est pas assez reconnue.

On s’est implantés il y a deux ans au Japon et notre clientèle là-bas est composée essentiellement de femmes de 25 ans et plus. Pour les Japonaises, Ribkoff est une nouvelle marque et n’a donc pas la consonance qu’elle a ici, où les filles ne veulent pas s’habiller comme leur mère.

Notre priorité actuelle, c’est l’Asie. L’an dernier, on a ouvert le marché en Corée du Sud et à Singapour et cette année, on s’attaque à la Chine et à sa classe moyenne de plus de 300 millions de consommateurs.

Il y a beaucoup de développement à faire là-bas et c’est pourquoi on prévoit ouvrir moins de nouveaux marchés dans les prochaines années. On devrait être présent dans 70 pays d’ici cinq ans.

PHOTO FOURNIE PAR JOSEPH RIBKOFF

La marque Joseph Ribkoff vient de lancer une ligne de sacs à main.

Vous venez de lancer une ligne de sacs à main. Est-ce que vous avez la volonté d’élargir la portée du nom Josepk Ribkoff à d’autres produits que les seuls vêtements pour dames ?

Oui et c’est pourquoi on a embauché une nouvelle responsable du marketing qui a pour mandat de développer une plateforme marketing internationale pour mieux faire connaître la marque Ribkoff.

C’était une de nos priorités que de mieux assurer le positionnement de la marque à l’extérieur du Canada. À partir de là, on va pouvoir développer d’autres secteurs d’activités.

L’an dernier, on a commencé à développer des vêtements pour dames en denim. C’était une première en 60 ans. Là, on vient de développer en partenariat avec le groupe montréalais Bugatti, qui a conçu les sacs de Céline Dion, une nouvelle famille de sacs à main Joseph Ribkoff.

On prévoit faire la même chose avec une ligne de vêtements sport et une autre de vêtements pour l’extérieur.

On compte générer de la croissance en occupant plus de place dans les magasins où on est présents, en allant chercher de nouveaux magasins et en développant de nouveaux produits

On veut faire exploser la marque Joseph Ribkoff sans perdre pour autant notre ADN qui est de réaliser des vêtements pour dames de milieu et haut de gamme. On veut élargir notre portée sans nous dénaturer.

On a été approchés par un groupe qui veut licencier des produits sous notre marque : des vêtements pour hommes, pour enfants, des lunettes, des montres, des parfums. On va le faire, mais pas d’ici trois ans, on ne veut surtout pas perdre le contrôle de notre marque.

Vous souhaitez conserver le contrôle de la marque Joseph Ribkoff ; qu’en est-il de l’empreinte de l’entreprise à Montréal et au Québec ?

Ça fait partie de notre ADN. Partout dans le monde, on est reconnus comme une entreprise canadienne qui fait la création et la production de vêtements au Canada.

On a 380 personnes qui travaillent à Montréal dans le design, la conception, l’échantillonnage, la vente et la distribution de nos vêtements et on a 190 vendeurs qui travaillent dans les 64 pays où on est présents.

On a un réseau de sous-traitants à Montréal et à l’extérieur qui fabriquent nos vêtements au Québec, mais le recrutement de nouvelle main-d’œuvre est vraiment un problème important.

Est-ce qu’on va un jour avoir notre propre usine pour réaliser nous-mêmes l’assemblage de nos vêtements comme Canada Goose va le faire rue Chabanel ? Je ne suis pas convaincu que Canada Goose va réussir à pourvoir ses 600 postes à Montréal. Cela va se faire sur plusieurs années et ça va affecter tous les joueurs du secteur.

Un routier du commerce au détail

Avant d’être nommé PDG de Josepk Ribkoff, en décembre 2017, John Gunn a occupé plusieurs postes dans l’industrie du détail. En voici un aperçu.

– PDG de Cuirs Bentley, le détaillant canadien de sacs de voyage, de 2013 à 2017

– PDG de Mexx Canada, de 2012 à 2013.

– PDG d’Esprit, de 2009 à 2012

– Vice-président exécutif, Tommy Hilfiger, responsable des activités de détail pour le Canada et pour l’ensemble de l’Amérique du Nord, de 2000 à 2009.