Depuis qu'il est devenu PDG de GLV en septembre 2010, Richard Verreault n'a pas eu le temps de chômer. C'est que son entrée en fonction a coïncidé avec la découverte de certains squelettes dans le bilan de la société Chris Water, acquise en novembre 2009. Après trois années de redressement, GLV a retrouvé le chemin de la rentabilité. Ce long détour a toutefois permis au leader mondial du traitement des eaux usées de préciser son orientation stratégique.

C'est au parcours de golf de la Vallée du Richelieu, club-hôte du tournoi du Circuit des Champions de la PGA, que nous recevons Richard Verreault pour inaugurer notre série de grandes entrevues sur les verts qui seront publiées les samedis tout au long de l'été.

Richard Verreault a succédé à son père Laurent à titre de PDG de GLV en septembre 2010. Il avait été président et chef des opération du Groupe Laperrière&Verreault de 2005 à 2007 et occupait les mêmes fonctions dans la nouvelle société GLV.

«Le Groupe Laperrière&Verreault a vendu en 2007 toutes ses activités liées au secteur des mines, des métaux et des produits pétroliers pour se concentrer dans le développement de solutions technologiques destinées au traitement des eaux et à l'industrie des pâtes et papiers», résume le PDG.

GLV existe donc comme nouvelle entité corporative et boursière depuis 2007. Elle est un leader mondial dans les technologies de traitement des eaux usées, un secteur qui génère 400 millions de dollars de revenus annuels et où elle exploite des usines dans 26 pays. Le secteur des pâtes et papiers, qui est à l'origine de GLV, totalise 200 millions de revenus, tandis que le secteur manufacturier de fabrication d'équipements et de pièces lui rapporte 40 millions.

Les squelettes dans le placard

En 2009, GLV a réalisé la plus importante acquisition de son histoire en lançant une offre publique d'achat sur la société suisse Chris Water, une entreprise qui permettait au groupe d'accéder à un tout nouveau marché.

«On était déjà le leader mondial des solutions de traitement des eaux usées, mais Chris Water était spécialisée dans les eaux de procédés, destinées aux industries de la microélectronique et de l'énergie. Ils étaient aussi spécialisés dans les procédés de dessalement des eaux de mer», précise Richard Verreault.

GLV a mis la main sur Chris Water à un bon prix, payant 3$ par action sur un titre qui s'échangeait, un an plus tôt, à 12$. On était en pleine récession mondiale.

«On a rapidement découvert que Chris Water avait quelques squelettes dans son placard. Elle avait conclu des contrats clés en main qu'elle était incapable de respecter, notamment trois projets en Roumanie qui nous ont coûté 3 millions pour y mettre un terme.

«Deux projets d'usine de dessalement au Moyen-Orient ont été particulièrement coûteux puisqu'ils ont grugé 30 millions de nos bénéfices sur 3 ans. Mais tout ça est terminé maintenant», précise le PDG.

GLV vient d'aligner trois trimestres de redressement, et Richard Verreault prévoit que la rentabilité sera de retour pour l'exercice en cours. Une éventualité qui n'a pas échappé au marché puisque l'action de GLV, qui est passée d'un sommet de 14$ à un creux de 1,65$, en février, a clôturé à 3,20$ cette semaine.

«Malgré les difficultés qu'on a rencontrées, l'acquisition de Chris Water reste une très bonne affaire. S'il fallait le refaire, je le referais sans hésitation. Ça nous a permis d'élargir nos compétences, nos marchés et notre présence internationale», estime Richard Verreault.

Cette longue traversée du désert, marquée par un ralentissement économique persistant en Europe, a aussi forcé GLV à recentrer ses efforts dans les secteurs qui seront porteurs pour elle à l'avenir.

«Il y a des marchés qu'on a abandonnés. Celui des solutions de dessalement, par exemple. On en est sortis parce qu'on veut maintenant concentrer nos efforts de développement dans quatre grands créneaux: les systèmes municipaux, le secteur de l'énergie, celui de la microélectronique et des semi-conducteurs et, enfin, dans le soutien après-vente», explique Richard Verreault.

Le PDG observe que le secteur pétrole et gaz offre encore de bonnes perspectives de consolidation, et GLV veut s'attaquer au marché du traitement des eaux utilisées dans l'extraction des gaz de schiste.

La présence internationale du Groupe devrait rester sensiblement la même au cours des prochaines années. GLV réalise 35% de ses revenus aux États-Unis, 30% en Europe, 20% en Asie et 10% au Moyen-Orient. Le Canada ne représente que 3% des revenus de l'entreprise qui emploie 2200 personnes dans le monde.

Un golfeur plus assidu

Richard Verreault aime le golf, un sport qu'il a découvert lorsqu'il travaillait aux États-Unis, au milieu des années 80. C'est à l'époque où il s'est joint à l'entreprise familiale, avant que celle-ci devienne une société publique, en 1986.

Mais il avoue qu'il n'a pas toujours été en mesure de jouer au rythme où il l'aurait souhaité en raison des différents mandats qu'il a réalisés. Il a vécu 10 ans aux États-Unis, à Atlanta et dans une petite ville du New Hampshire. Il a aussi habité quelques années à Paris pour orchestrer l'intégration des entreprises du Groupe en Europe.

«Maintenant, je joue une vingtaine de parties par année. Ma conjointe et moi arrivons tout juste d'un voyage en Arizona où on a joué de façon intensive avec un instructeur. Le golf, c'est agréable quand tu t'améliores», observe-t-il avec une très grande justesse.