Jack Ma, le patron-fondateur du géant chinois du cybercommerce Alibaba, a jugé les produits chinois d'imitation «meilleurs» que les modèles originaux de grandes marques, un phénomène qui pose un défi supplémentaire à la bataille anti-contrefaçon.

«Le problème est que les produits de contrefaçon aujourd'hui ont une meilleure qualité, un meilleur prix que les vrais produits, que les vrais noms», a-t-il affirmé lors d'un discours prononcé à Hangzhou, ville de l'est de la Chine où est basé Alibaba.

«Ils sont produits par les mêmes usines, sont issus des mêmes matières premières, mais n'utilisent pas le nom de la marque», a-t-il ajouté.

Les usines chinoises fabriquent traditionnellement des produits à bas coût pour les marques étrangères, mais l'émergence de plateformes de cybercommerce comme Alibaba leur offre des opportunités croissantes de vendre leurs propres articles en ligne directement aux consommateurs.

Pour Jack Ma, au-delà des problèmes de propriété intellectuelle ou de contrefaçon, c'est ce basculement vers un nouveau modèle économique qui «détruit» les marques traditionnelles et «révolutionne le monde entier».

«La façon de faire du business a changé», a-t-il souligné.

Alibaba, avec sa plateforme Taobao, domine quelque 90% du marché des échanges de particuliers à particuliers sur l'internet chinois, et sa plateforme Tmall contrôle la moitié des transactions en ligne entre professionnels et particuliers.

Mais le groupe est régulièrement accusé par les grandes marques internationales de laxisme dans ses efforts pour enrayer la distribution de produits contrefaits sur ses sites.

Alibaba, en tant que leader du cybercommerce chinois, peut régler le problème des contrefaçons «mieux que tout gouvernement, toute organisation ou toute personne dans le monde», a pourtant assuré Jack Ma.

Mais le patron, homme le plus riche de Chine selon le classement Bloomberg Billionaires, a estimé inévitable la présence d'imitations sur le marché.

«Nous ne pouvons pas résoudre le problème à 100%, car cela va contre la nature humaine», a-t-il assuré.

«Il est inadéquat pour quelqu'un du statut de Jack Ma de faire de telles déclarations», a indiqué à Bloomberg News Cao Lei, directeur du Centre chinois de recherche sur le cybercommerce, basé à Hangzhou.

«Pour certains cas individuels, ce qu'il dit peut être vrai, mais il est erroné de généraliser le phénomène.»