Hillary Clinton est la favorite de Wall Street pour l'élection présidentielle américaine mais les investisseurs souhaitent que le Congrès reste républicain pour empêcher l'application du programme démocrate de hausses d'impôts et de nouvelles réglementations touchant les marchés financiers et les entreprises.

«On a vu très rapidement qui était le favori des marchés», rappelle Gregori Volokhine de Meeschaert, relevant que Wall Street avait bondi dans le sillage d'un premier débat jugé largement à l'avantage de Mme Clinton.

Depuis, la réouverture de l'enquête du FBI sur les courriels de la candidate démocrate, suivie dix jours plus tard par l'annonce qu'il n'y aurait finalement pas de poursuites, ont fait successivement déprimer puis flamber la Bourse de New York, confirmant ainsi que la faveur des marchés allait à la démocrate.

Perçu comme générateur d'incertitudes et auteur de propos très critiques sur le libre-échange, notamment avec les partenaires commerciaux que sont le Mexique et la Chine, M. Trump fait figure d'épouvantail pour des marchés traditionnellement plutôt républicains.

En cas de victoire de Donald Trump, «les marchés devraient baisser», estime Michael Scanlon de Manulife Asset Management qui juge toutefois que cet effet devrait ensuite s'estomper.

Mais la préférence pour Hillary Clinton reste toutefois conditionnelle.

«Une des choses les plus importantes sur laquelle se concentrent les investisseurs, c'est le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants», indique Chris Low de FTN Financial rappelant que de nombreux sièges de républicains sont en jeu.

«Le marché a l'air d'aimer l'idée que Mme Clinton soit élue présidente, avec un Congrès qui ne lui donnera pas de mandat politique», donc à majorité républicaine, explique Patrick O'Hare de Briefing.

Les investisseurs craignent qu'avec un Congrès démocrate, Hillary Clinton ne puisse faire passer de nouvelles réglementations ainsi qu'une politique fiscale qu'ils jugent contraires aux intérêts des entreprises.

«Si Mme Clinton réussit à appliquer son programme, il faudra des impôts plus élevés tout comme plus de dépenses, en parallèle d'une inclinaison anti-entreprises», estiment les analystes de Berenberg dans une note.

Concernant plus spécifiquement Wall Street, «Mme Clinton propose des augmentations d'impôts significatives à la fois sur les dividendes et sur les revenus du capital», ont-ils ajouté.

Courte nuit

Pour se préparer à toute éventualité, plusieurs grandes banques, comme JPMorgan, Citi ou Credit Suisse ont confirmé à l'AFP maintenir leur salle des marchés ouverte dans la nuit suivant l'élection présidentielle, comme elles l'avaient fait lors du référendum britannique sur la sortie de l'Union européenne en juin.

«J.P. Morgan aura des courtiers au travail dans la salle des marchés de New York pendant la nuit prêts à soutenir nos équipes asiatiques pour gérer des potentiels pics dans les volumes d'échanges», a indiqué à l'AFP Brian Marchiony, représentant de la banque.

Le temps de faire le décompte État par État, les résultats de l'élection ne sont en effets pas attendus avant minuit à New York (05H00 GMT), ce qui correspond à la plage d'ouverture des Bourses asiatiques.

Sur la place new-yorkaise, les marchés d'actions seront donc fermés mais les investisseurs pourront se rabattre sur le marché des devises, dont la cotation est continue, et sur les échanges électroniques avec notamment les contrats à terme dit «futurs».

«La volatilité risque d'être au plus haut quand les résultats sortiront», estime Erik Nelson, expert du marché des devises pour la banque Wells Fargo.

De son côté, Chris Low de FTN Financial prévoit de venir très tôt mercredi même s'il juge «entièrement possible» que l'on ne sache pas encore avec certitude le nom du vainqueur ou la couleur du Congrès dès l'ouverture des marchés d'actions.

Au-delà d'une première réaction initiale, il faudra quoi qu'il en soit du temps à Wall Street pour mesurer toutes les conséquences du résultat.

Pour un investisseur de long terme, «la seule chose qu'il peut essayer de faire, c'est de se protéger contre des secousses ponctuelles», juge Gregori Volokhine.