Rajat Gupta, ex-administrateur de Goldman Sachs, a été condamné mercredi à deux ans de prison et une amende de cinq millions de dollars pour délit d'initié par un tribunal de New York.

Accusé d'avoir divulgué des informations confidentielles sur la banque Goldman Sachs alors qu'il siégeait à son conseil d'administration, il avait été jugé coupable mi-juin et le procureur de Manhattan Preet Bharara avait requis une peine de 10 ans de prison à son encontre.

A l'énoncé du jugement, le financier n'a trahi aucune émotion. «J'ai terni la réputation que je m'étais faite tout au long de ma vie», avait-il confié avant le jugement. «Je regrette terriblement les conséquences sur ma famille, mes amis et les institutions que je respecte», avait-il dit, décrivant l'épreuve comme «la plus difficile de (sa) vie après la mort de (ses) parents à l'adolescence».

Annonçant une peine bien plus clémente que celle requise par l'accusation, le juge Jed Rakoff a estimé que M. Gupta, un philanthrope ayant oeuvré pour la lutte contre la malaria en Afrique et en faveur de la jeunesse défavorisée, «méritait qu'on lui accorde du crédit pour cela».

Le juge du tribunal fédéral de Manhattan a précisé que des jurés avaient même pleuré en remettant leur jugement concluant à la culpabilité, «parce qu'ils reconnaissaient que c'est une personne qui avait de très bons côtés».

Cependant, il a insisté sur le devoir de «faire comprendre» aux coupables de délit d'initié que «quand ils se font attraper, ils vont en prison».

Dans ce qui constitue l'un des plus gros scandales financiers des dernières années aux États-Unis, M. Gupta a été reconnu coupable d'avoir divulgué des informations à son ami et partenaire en affaires, le milliardaire d'origine sri-lankaise Raj Rajaratnam.

Patron et fondateur du fonds d'investissement Galleon, ce dernier était accusé de s'être appuyé sur ces informations pour réaliser des opérations financières et a été condamné l'an dernier à 11 ans de prison, soit la plus forte peine jamais prononcée pour un délit d'initié.

Le juge a qualifié le délit de M. Gupta d'«écoeurant», «comme un coup de poignard dans le dos» de Goldman Sachs.

Le procureur de Manhattan a lui aussi souligné qu'avec «la peine d'aujourd'hui (mercredi), Rajat Gupta doit maintenant assumer les conséquences graves de son crime»: «Son comportement a terni pour toujours une réputation autrefois excellente qui s'était construite sur des années».

La directrice du FBI à New York, Mary Galligan, a de son côté souligné que cette sentence servirait d'avertissement général.

«Il a violé la loi (...) La sentence prononcée devrait envoyer un message clair: donner un conseil à un ami, quand le conseil relève du délit d'initié, a des conséquences», a-t-elle commenté.