Deux indicateurs économiques sont venus éclairer jeudi la dernière décision de la banque centrale des États-Unis (Fed), déterminée à maintenir longtemps un taux directeur très bas pour soutenir une reprise qui tarde à créer des emplois.

Hasard du calendrier, le département du Travail a publié le même jour deux indicateurs clefs pour la conduite de la politique monétaire, l'un concernant le chômage, qui reste élevé, l'autre les prix à la consommation, qui augmentent très lentement.

Aux États-Unis, la banque centrale a pour double mission d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix.

Selon le Ministère, les prix à la consommation sont restés stables en février par rapport à janvier.

En glissement annuel, leur hausse a ralenti notablement, à 2,1%. C'est légèrement supérieur au seuil maximum optimal de 2,0% défini par la Fed, mais le Ministère a fait remarquer que l'inflation de base (hors alimentation et énergie), une mesure privilégiée par la banque centrale, tombée à 1,3% en glissement annuel, était à «son plus bas niveau depuis février 2004».

L'autre statistique publiée par le ministère a montré une baisse des nouvelles inscriptions au chômage pour la troisième semaine de suite, mais très légère (-1,1%) et un peu moins forte que ne l'espéraient les analystes.

Elle témoigne d'un ralentissement des licenciements mais pas d'une reprise des embauches, alors que le taux de chômage officiel était de 9,7% fin février aux États-Unis, ce qui est très supérieur à la moyenne historique pour le pays.

Les nouvelles inscriptions au chômage «restent un peu trop élevées pour être conformes à une hausse de l'emploi dans le secteur privé», estime Ian Shepherdson, économiste de l'institut d'analyses HFE.

Qui plus est, ajoute-t-il, la plupart «des nouveaux licenciements sont le fait du secteur des petites entreprises, qui reste très déprimé».

Pour le gouvernement, la reprise de l'emploi devrait apparaître d'ici à fin juin, mais être très lente.

Aux États-Unis, les PME sont le moteur de la création d'emplois. Prises à la gorge par la crise du crédit, elles éprouvent de grosses difficultés à trouver les fonds nécessaires à leur développement, voire leur simple survie.

Le président américain Barack Obama a promulgué jeudi une loi adoptée la veille par le Congrès et débloquant 17,6 milliards de dollars pour favoriser la relance de l'emploi. Le gros du projet est constitué d'une provision de 13 milliards de dollars sur 10 ans destinée à financer des réductions fiscales pour les entreprises qui embauchent.

La Fed a estimé mardi que le marché du Travail était «en train de se stabiliser», et que l'activité économique se renforçait mais a jugé que la reprise était encore beaucoup trop lente pour relever son taux directeur, quasi nul depuis 15 mois.

En diminuant ainsi au maximum le coût de crédit la Fed compte stimuler l'activité économique. Elle a répété en conséquence qu'en l'absence de menaces d'inflation qui lui feraient envisager un relèvement de son taux, elle comptait maintenir celui-ci «exceptionnellement bas... pendant une longue période».

Pour Brian Bethune, du cabinet d'économistes IHS Global Insight, «la reprise est toujours définie par une faible inflation et une forte hausse de la productivité, et cela rend le travail de la Fed extrêmement facile pendant une longue période».