Sous le feu des critiques de l'opposition, constatant « la grogne de la population », le premier ministre François Legault demande à Hydro-Québec d'être moins gourmande. Il laisse entrevoir une faible hausse voire une baisse de tarifs en 2020 et veut que la société d'État retourne à l'avenir 100 % d'éventuels trop-perçus.

Il n'est toutefois pas question de rembourser les trop-perçus encaissés dans le passé - 1,5 milliard -, une mesure qu'il réclamait pourtant lorsqu'il était dans l'opposition.

François Legault a demandé au président d'Hydro-Québec, Éric Martel, de faire un « effort spécial » en 2020 pour « prendre moins d'argent dans les poches des Québécois ».

Il a brandi un tableau montrant qu'en 2014 et en 2015, les tarifs d'Hydro-Québec ont augmenté au-delà de l'inflation. Sa demande faite à la société d'État, dont l'unique actionnaire est le gouvernement, est de « compenser en partie l'écart ». Il a même déclaré que « les libéraux ont comme laissé Hydro-Québec un peu voler les contribuables » ces années-là.

Il n'a pas voulu chiffrer précisément l'effort demandé à Hydro-Québec pour 2020. « Honnêtement, je sais que ce n'est pas précis comme déclaration », a-t-il reconnu.

En 2014, les tarifs ont augmenté de 4,3 % alors que l'indice des prix à la consommation a atteint 1,6 % - soit un écart de 2,7 points. L'année suivante, ils ont cru de 2,9 % et l'IPC s'est chiffré à 0,7 % - soit un écart de 2,2 points. L'écart total atteint donc 4,9 % au total.

Hydro-Québec doit faire un « compromis » pour le compenser en partie, « donc une augmentation (de tarifs) qui serait moins grande, peut-être une diminution », a affirmé le premier ministre, précisant que M. Martel allait lui soumettre différents scénarios.

Puisque M. Legault a parlé d'un « effort spécial » de la part d'Hydro-Québec pour la prochaine année seulement, il est probable que l'on assiste à un gel ou une baisse, surtout que les hausses de tarifs ont été sous l'inflation depuis quatre ans, variant entre 0,3 % et 0,9 % par année. La CAQ a promis en campagne électorale que les augmentations tarifaires n'excèdent pas l'inflation.

François Legault a tenu à rappeler que « si Hydro-Québec réduit ses bénéfices, ça donne moins d'argent au gouvernement pour financer les services publics ». La société d'État doit donc « faire des efforts sur les tarifs, mais sans que ça affecte trop leurs bénéfices ».

Par ailleurs, le ministre de l'Énergie, Jonatan Julien, a indiqué que le premier ministre lui a demandé de revoir le mécanisme au sujet des trop-perçus d'Hydro-Québec sur la facture des clients. Selon le mécanisme en vigueur depuis 2017, entre 50 % et 75 % d'un trop-perçu est retourné aux clients, le reste est conservé par l'État. Le gouvernement veut que ce soit désormais 100 %. Ce mécanisme concernerait seulement les trop-perçus qui seraient réalisés dans le futur.