Avec l'acquisition de l'entreprise américaine United Wind, la PME québécoise Eocycle ne se contente plus de vendre ses éoliennes. Elle vend aussi l'électricité produite par des éoliennes dont elle reste propriétaire, en vertu de contrats de service à long terme.

Ce modèle d'affaires lui permettra de semer ses éoliennes à grande échelle dans le Midwest américain. « Ça se fait depuis longtemps dans le solaire », explique Richard Legault, président et chef de la direction d'Eocycle.

Des entreprises, comme Solar City, prennent en charge l'achat et l'installation des panneaux solaires du client, qui paie ensuite une mensualité pour consommer l'électricité produite. Marmott Énergie, au Québec, le fait dans la géothermie.

C'est ce qu'on appelle la vente d'énergie « as a service ». Dans le secteur éolien, c'est assez nouveau. United Wind en a fait sa marque de commerce avec son programme WindLease.

Eocycle était un des fournisseurs d'éoliennes les plus importants de United Wind. Elle en est propriétaire depuis l'automne dernier. United Wind a conclu 130 ententes avec des clients intéressés par son programme WindLease.

Ce sont de grands noms : Smithfield, plus important producteur de porcs des États-Unis, et Clif Bar, fabricant californien de barres tendres, en font partie. Clif Bar, par exemple, est prêt à investir pour aider ses fermiers fournisseurs à passer à l'énergie propre et à réduire leur facture d'électricité.

Le fonds d'investissement Clif

Avec des partenaires, le fabricant californien Clif Bar a mis sur pied un fonds d'investissement de 10 millions US pour donner un coup de pouce à ses fournisseurs, des fermiers qui ont une production biologique. L'argent servira à financer l'achat et l'installation de 80 éoliennes d'Eocycle sur les terres de ces fermiers, ce qui leur donnera accès à de l'électricité à coût fixe pour une durée de 20 à 30 ans. Sans risque ni mise de fonds, les fermiers qui accueillent une éolienne sur leurs terres sont assurés d'économiser 40 % sur leur facture d'électricité.

Eocycle pense pouvoir réaliser cette année 30 des 130 ententes conclues par United Wind, et 100 autres l'année prochaine. Pour la petite entreprise qui a vendu en tout et pour tout une quinzaine d'éoliennes depuis ses débuts, c'est un énorme pas en avant.

« On va devoir doubler notre équipe de 12 personnes », annonce Richard Legault. Les installations d'Anjou, où Eocycle assemble ses éoliennes à partir de composants venus d'un peu partout, devront aussi être adaptées à cette nouvelle réalité. « Il va falloir augmenter la cadence. »

Cap sur la rentabilité

Eocyle est actuellement à la recherche de capital pour financer cette expansion. Elle a besoin de 10 millions. Un groupe d'actionnaires privés - dont Richard Legault fait partie -, Investissement Québec et la firme Cycle Capital comptent parmi ceux qui soutiennent l'entreprise jusqu'à maintenant.

Dans ce nouvel environnement d'affaires, Eocycle pense pouvoir atteindre la rentabilité dans deux ans. Richard Legault affirme que ses éoliennes, brevetées et homologuées pour être vendues partout dans le monde, sont 50 % plus efficaces que la concurrence existante.

Eocycle n'a pas de marché au Québec, où le prix de l'électricité est trop bas. « D'ici trois ans, peut-être », avance Richard Legault. Les marchés de l'Ontario, de l'Alberta et des Maritimes vont aussi s'ouvrir, selon lui.

Le Midwest américain, qui a à la fois du vent de bonne qualité et une forte concentration de fermes, sera pour les prochaines années le terrain de jeu principal d'Eocycle.

Le fonds créé par Clif Bar vise d'ailleurs les fermes situées en Iowa, au Minnesota, au Dakota du Nord et au Dakota du Sud.

Les éoliennes d'Eocycle

Technologie brevetée

Puissance : de 20 à 25 kW

Hauteur : 24 m

Diamètre des pales : 15 m

Coût : 150 000 $

Marchés visés : fermes et petites entreprises

PHOTO FOURNIE PAR L'ENTREPRISE

Richard Legault, président et chef de la direction d'Eocycle