Est-ce le soleil printanier qui inspire les investisseurs ? Ou l'émergence d'une nouvelle conscience écologique dans la haute finance ? Ou simplement le gros bon sens économique qui parle ?

Une chose est certaine, les grands projets dans le domaine de l'énergie solaire se multiplient dans le monde.

De la Chine à la France, en passant par le Moyen-Orient et l'Afrique, des investissements gigantesques ont été annoncés ces derniers jours, confirmant que le solaire est en train de devenir l'option privilégiée des investisseurs attirés par les énergies propres.

LES CHEIKHS DU SOLEIL

Dans le cadre de sa visite aux États-Unis, la semaine dernière, le prince hériter d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a capté l'attention de l'industrie énergétique en annonçant le plus grand projet d'énergie solaire au monde - une affaire de 200 milliards US.

Fruit d'une entente de principe avec le grand conglomérat japonais Softbank (services bancaires, télécoms), le projet regroupera plusieurs installations dans le désert du royaume, avec une capacité totale de 200 gigawatts d'ici 2030, soit la moitié de la capacité mondiale du parc nucléaire.

Cette annonce intervient quelques mois après le lancement par l'Arabie saoudite de son premier appel d'offres pour un autre projet solaire de grande envergure.

Touché de plein fouet par la chute des cours du pétrole, le pays pétrolier a lancé l'an passé le plan Vision 2030 pour relancer et diversifier son économie.

« Le soleil est largement présent en Arabie saoudite, a rappelé Masayoshi Son, président de Softbank, lors d'une conférence à New York. Mais le plus important, c'est que ce royaume est visionnaire. »

ORANGE ET EDF MISENT GROS

Après avoir dévoilé en décembre un investissement massif dans un projet solaire de 30 gigawatts en France, EDF vient de dévoiler un immense projet de stockage électrique de 8 milliards d'euros (12,6 milliards CAN) sur l'horizon 2035.

EDF veut ainsi soutenir les énergies renouvelables en aidant à conserver l'électricité lorsque le soleil brille (panneaux solaires) ou que le vent souffle (éoliennes) avant de la réinjecter dans le réseau en périodes creuses.

En plus de viser le marché français, EDF veut équiper de gigantesques batteries les réseaux électriques étrangers, imitant ainsi ce que l'américain Tesla a fait en Australie, en novembre, pour réduire les interruptions de courant.

Le groupe énergétique français espère devenir le leader européen du secteur d'ici 2030.

Même le géant des télécommunications Orange entend participer à la transition énergétique, mais en visant surtout le marché africain.

Après le Congo et Madagascar, le groupe français - qui veut contrer la stagnation de son marché local des télécoms - a annoncé mardi le lancement d'un service d'énergie solaire pour les zones rurales au Burkina Faso. Suivront plus tard le Sénégal, le Mali et la Côte d'Ivoire, notamment.

Proposé sous forme de « kit », avec panneau solaire, batterie et accessoires (ampoules à DEL, chargeur de téléphones, etc.), le matériel sera fourni par des partenaires locaux, dont le congolais BBOXX.

D'ici cinq ans, Orange espère distribuer jusqu'à 500 000 de ces kits, qui peuvent éclairer toute la maison ou faire fonctionner un téléviseur.

UN TOURNANT

À voir les projets d'énergie solaire se multiplier, écologie rime de plus en plus avec économie. C'est du moins la conclusion d'une étude de l'Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), qui prédit une baisse marquée des coûts des énergies renouvelables d'ici 2020.

D'après l'IRENA, « toutes les technologies renouvelables seront compétitives par rapport aux énergies fossiles en 2020 » dans le monde : ça veut dire de 30 à 100 $US le mégawattheure (MWh) pour une énergie renouvelable, contre de 50 à 170 $US pour le fossile. Cette baisse des prix s'explique par les progrès technologiques et la concurrence.

Une évolution qui se confirme déjà sur le terrain : au Chili, le coût de l'énergie solaire a atteint 45 $CAN par MWh en 2016, contre 1100 $CAN par MWh en 2008. En France, le prix moyen de l'électricité photovoltaïque est moins de la moitié du coût de l'électricité produite par les nouveaux projets nucléaires, selon l'IRENA.

Bref, miser sur le soleil est de plus en plus une bonne affaire dans plusieurs pays.

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C'est reparti

Selon Bloomberg New Energy Finance (BNEF), filiale du groupe médiatique Bloomberg, la vague solaire est bien réelle sur la planète. Les investissements dans les énergies renouvelables sont d'ailleurs repartis en hausse en 2017, portés notamment par les sommes records dépensées par la Chine dans le solaire. Après un repli en 2016, ces investissements ont atteint 334 milliards US l'an dernier, en hausse de 3 % sur un an. La Chine a battu son record avec un investissement de 132,6 milliards US - dont 86,5 milliards dans le solaire. Une hausse de 24 % sur un an.