Soulagement au budget des automobilistes montréalais.

C'est dans la région de Montréal que la baisse du prix de l'essence à la pompe était la plus marquée au début de l'été parmi les 18 centres urbains où Statistique Canada mesure les prix à la consommation.

Et cette baisse de 14 % sur un an s'est avérée assez importante pour faire passer le prix de l'essence mesuré à Montréal en juin, soit 110,8 cents le litre, sous le prix moyen de 112 cents le litre mesuré dans les 18 centres urbains au Canada.

Pour les automobilistes montréalais, cette déflation prononcée du prix de l'essence en début d'été marque tout un revirement après des années de prix gonflés dans la métropole par rapport aux régions voisines au Québec et les autres principales villes canadiennes.

Depuis cinq ans au moins, selon les données de Statistique Canada rendues disponibles hier, le surcoût du litre d'essence à Montréal par rapport au prix moyen mesuré dans 18 villes canadiennes s'est élevé de 5 à 11 cents le litre.

Mais en début d'été, ce surcoût habituel s'est inversé de 1,2 cent le litre.

Cet écart favorable demeure minime, soit de l'ordre de 1 % sous le prix moyen à l'échelle nationale. Mais c'est tout un contraste par rapport au surcoût montréalais qui a culminé l'an dernier à 9,4 %.

Dans la région de Québec aussi, les automobilistes ont bénéficié au début de l'été d'une baisse du prix de l'essence plus marquée que celle observée ailleurs au Canada.

Mais comme ce prix était déjà moins élevé à Québec qu'à Montréal, et en dépit d'une baisse moins prononcée depuis un an, le prix de l'essence en juin dans la capitale québécoise, soit 107 cents le litre, était inférieur de cinq cents à la moyenne des 18 centres urbains au Canada.

PÉTROLE DE L'OUEST

Comment expliquer cette baisse du prix de l'essence plus prononcée à Montréal et à Québec que dans l'ensemble des principaux centres urbains au Canada ?

De l'avis d'analystes, la principale explication est l'arrivée depuis l'automne dernier dans les raffineries de l'est du Canada, dont Suncor à Montréal et Valero à Lévis, de pétrole de l'Ouest canadien, moins cher que celui importé auparavant sur le marché international. Ce remplacement d'approvisionnement de pétrole découle de l'inversion du pipeline Enbridge entre Montréal et l'Ontario.

Dans un avis publié à la fin juin, l'économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, avait anticipé la déflation du prix de l'essence au Québec en raison du remplacement du pétrole importé par du pétrole canadien moins cher. Il estimait alors que les économies pour les automobilistes québécois pourraient s'élever à 500 millions sur une base annualisée.

Mais c'était avant que la baisse de prix à la pompe ne s'avère encore plus prononcée que prévu, amplifiant les économies anticipées.

Aussi, cette estimation de M. Marion précédait la rechute imprévue du prix du pétrole brut depuis la mi-juillet, en pleine saison estivale qui marque la demande de pointe en Amérique du Nord.

La raison de cette rechute ? L'émergence soudaine de gros surplus de stocks de carburants raffinés (essence, mazout, etc.) en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde. Ces stocks s'élevaient à 500 millions de barils, selon des estimations de la presse financière américaine.

Aussi, les négociants pétroliers appréhendent que des raffineurs ne doivent réduire ou même cesser leur production et leurs achats de brut afin de pouvoir écouler leurs surplus de stocks de carburants à des prix suffisamment rentables.

Pour les automobilistes québécois, une telle conjoncture augure un prolongement avantageux des pressions baissières sur le prix de l'essence pour la fin de l'été et l'automne.