Les cours du pétrole ont chuté mercredi, faisant avorter leur tentative de rebond de la veille, après la publication des chiffres hebdomadaires sur l'offre américaine jugés insuffisants pour écarter les inquiétudes sur la persistance de la surabondance mondiale.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en août a perdu 2,05 dollars à 44,75 dollars sur le New York Mercantile Exchange, soit environ ce qu'il avait gagné mardi.

À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a reculé de 2,21 dollars à 46,26 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), effaçant lui aussi sa franche hausse de la veille.

«Le marché a été plombé par les chiffres du département de l'Énergie (DoE)», a résumé Carl Larry, de Frost & Sullivan. «Il n'y a guère d'investisseurs pour en tirer des conclusions positives.»

Dans des chiffres hebdomadaires sur l'offre américaine, le DoE a fait état d'une hausse inattendue des réserves de produits pétroliers, dont l'essence et surtout les produits distillés comme le fioul, même s'il a parallèlement annoncé un recul des réserves de brut.

«Certes, l'annonce d'une baisse de 2,5 millions de barils des stocks américains de brut contraste avec le fait que l'Americain Petroleum Institute (API) avait tablé sur une hausse» dans les estimations publiées la veille par cette fédération privée, a reconnu dans une note Tim Evans de Citi.

«Mais cela reste une déception par rapport aux attentes du marché, d'autant que la forte hausse des réserves de produits pétroliers fait plus que compenser la baisse des stocks de brut», a-t-il estimé.

De plus, alors que la production américaine rassurait les investisseurs en baissant presque systématiquement depuis le printemps et avait encore chuté la semaine précédente, elle a rebondi de plus de 50 000 barils par jour (bj).

L'AIE timorée

Les chiffres du DoE ne sont simplement «pas suffisants pour changer le sentiment général sur les marchés, un sentiment qui est pessimiste», a jugé M. Larry.

Après avoir profité au printemps de multiples problèmes de production dans le monde, le marché de l'or noir marque le pas depuis la fin juin face à la réalité d'une offre toujours élevée.

Cet état d'esprit a été alimenté mercredi par un rapport mensuel de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE), bras énergétique de l'OCDE, qui a été jugé un peu moins encourageant que des documents semblables publiés la veille par le DoE et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

L'AIE a certes estimé que la consommation mondiale d'or noir devrait augmenter un peu plus que prévu en 2016, mais elle a aussi prévenu que la persistance de stocks élevés pourrait menacer la récente stabilité des prix.

«Le rapport de l'AIE a rappelé à tout le monde que les réserves restent élevées, avec une production sans précédent des pays du Moyen-Orient», a jugé John Kilduff, d'Again Capital, mettant notamment en avant le niveau «record» de l'offre saoudienne.

L'Arabie saoudite est le membre dominant de l'OPEP, dont la production a encore augmenté en juin pour atteindre son plus haut niveau depuis huit ans.