Après avoir été approuvée par la Régie de l'énergie, l'entente conclue par Hydro-Québec avec TransCanada pour l'utilisation de la centrale au gaz de Bécancour pendant les grands froids d'hiver vient d'être annulée à la suite de la contestation de groupes environnementaux.

La Régie s'est rendue aux arguments du Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ), qui plaidait qu'Hydro-Québec aurait dû faire un appel d'offres pour acheter de l'énergie de pointe, plutôt que de conclure un contrat privé avec TransCanada.

L'entente prévoyait que la centrale au gaz de Bécancour, qui n'a jamais été utilisée en raison des surplus importants d'Hydro-Québec, fournirait de l'électricité pour un maximum de 300 heures en hiver pendant 20 ans, soit jusqu'en 2036.

C'est pourtant la Régie de l'énergie qui avait demandé à Hydro de s'entendre avec TransCanada, pour réduire les coûts associés à cet équipement de production inutilisé. Selon Hydro, l'entente conclue avec TransCanada permettait d'acheter de l'énergie de pointe à un prix deux fois moins élevé que sur les marchés.

Mais selon les environnementalistes, « Hydro-Québec ferait preuve d'un manque de vision en se liant pour 20 ans encore à de la production d'électricité en provenance de sources fossiles [...] ». C'est sur cette base qu'ils ont réclamé un appel d'offres pour l'achat d'énergie de pointe et qu'ils ont eu gain de cause.

Le ROEÉ, qui regroupe entre autres la Fondation Rivières et Écohabitation, estime qu'Hydro-Québec a d'autres options pour satisfaire à la demande de pointe, comme la contribution volontaire des Québécois et le stockage d'électricité.

Le contrat conclu avec TransCanada n'était qu'un des moyens envisagés par Hydro-Québec pour faire face à la demande de pointe qui dépasse ses capacités à cause des besoins de chauffage.

La société d'État prévoit que ses besoins en pointe iront croissant au cours des prochaines années et envisage d'y remédier avec des solutions inédites, comme le contrôle à distance des chauffe-eau pour réduire la demande à certaines heures.

L'ACCORD EN QUELQUES DATES

2004

Hydro-Québec s'entend avec TransCanada Energy qui construira une centrale au gaz naturel à Bécancour dont toute la production sera achetée par la société d'État pendant 20 ans, de 2006 à 2026.

2006

La centrale est prête, mais sa production n'est plus nécessaire parce que des surplus d'électricité commencent à s'accumuler.

DEPUIS 2006

Hydro-Québec paie chaque année les coûts fixes et des pénalités à TransCanada pour sa centrale inutilisée. Avec les années, ces coûts jamais dévoilés auraient atteint plus de 1 milliard de dollars.

2015

À la suite de demandes répétées de la Régie de l'énergie, Hydro-Québec s'entend avec TransCanada pour l'utilisation de la centrale de Bécancour pendant quelques heures par année, en hiver, pour satisfaire à la demande de pointe. L'entente est approuvée par la Régie de l'énergie dont la décision est portée en appel par le Regroupement des organismes environnementaux en énergie.

2016

La Régie revient sur sa décision et reconnaît qu'elle aurait dû exiger qu'Hydro-Québec passe par un appel d'offres pour acheter de l'énergie de pointe, comme la loi l'exige.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

Les profits d'Hydro-Québec au deuxième trimestre ont baissé de 10 %.