Les cours du pétrole ont légèrement rebondi vendredi à New York, où ils tournent autour de leurs plus bas niveaux depuis près de six ans et demi, et baissé à Londres, le marché continuant à s'inquiéter d'une offre élevée.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre a repris 27 cents à 42,50 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), mais achève sa septième semaine consécutive de baisse.

En revanche, à Londres le prix du Brent, référence européenne du brut, qui avait moins souffert cette semaine, a perdu 19 cents à 49,03 dollars le baril, pour son contrat pour septembre, dont c'était le dernier jour d'échanges.

Le marché new-yorkais n'est qu'à une trentaine de cents de son plus bas niveau de clôture depuis mars 2009, vers lequel il est inexorablement tombé depuis le début juillet, après avoir vainement tenté de se stabiliser pendant le printemps.

Le prix du «WTI se stabilise à l'aide de prises de bénéfices d'investisseurs qui ont parié avec succès sur sa baisse, mais l'essence reste sur la défensive», ses cours achevant la séance en recul, a noté Tim Evans, de CIti.

«Même si le marché a assez baissé pour que l'on puisse envisager un rééquilibrage en hausse, les données de fond restent peu encourageantes», a-t-il ajouté, évoquant «l'excès persistant d'offre».

Sur ce plan, le marché n'a guère obtenu de soutien vendredi des États-Unis, où le nombre de puits de pétrole en activité a augmenté, selon le décompte hebdomadaire du groupe Baker Hughes, même si cette hausse est restée minime avec deux unités de plus.

De plus, «il y a des problèmes dans des raffineries amércaines, notamment celle de BP à Whiting [en Illinois], et cela maintient les cours sous pression», a noté Carl Larry de Frost & Sullivan.

En effet, la panne de cette raffinerie, l'une des plus importantes des États-Unis, empêche le traitement d'importantes quantités de pétrole brut, qui vont donc rester pris en compte dans les stocks.

Par ailleurs, le gouvernement américain a manifesté son intention d'autoriser certaines exportations vers le Mexique, mais les observateurs sont divisés quant au soutien que pourrait apporter cette mesure, pour l'heure très limitée, aux cours en épongeant l'excès d'offre américaine.

Dévaluation

Plus largement, «on ne voit toujours aucun signe d'une amélioration prochaine de la surabondance de deux millions de barils par jour sur le marché mondial», également alimentée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a jugé Gene McGillian, de Tradition Energy. «On entend même dire qu'elle va durer jusqu'à la fin de l'année prochaine.»

Dans ce contexte de déprime persistante sur l'offre, le marché «cherche des signes positifs sur la demande», a reconnu Carl Larry, mettant en avant un rebond de la Bourse de Shanghai, qui a enregistré sa plus forte progression hebdomadaire depuis le début de sa chute il y a deux mois.

Néanmoins, le marché reste préoccupé par la dévaluation en trois temps du yuan, effectuée cette semaine par la Chine. Cette mesure risque de limiter les exportations vers le deuxième consommateur de pétrole, après les États-Unis, en les rendant plus coûteuses.

De plus, du côté des États-Unis, la fin de la saison des grands déplacements automobiles estivaux approche, privant d'un soutien la demande américaine de brut.

Dans l'ensemble, «tous les éléments à l'origine de la baisse de plus de 20 dollars, enregistrée depuis un mois et demi [à New York], continuent à peser sur le marché», a conclu M. McGillian.