Le pétrole a clôturé en nette baisse mercredi à New York après la publication du compte-rendu d'une réunion de la Banque centrale américaine (Fed) évoquant, sans plus de précisions, un possible ralentissement de son soutien à l'économie.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en octobre a perdu 1,26 dollar à 103,85 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'est replié de 34 cents par rapport à la clôture de mardi, pour s'établir à 109,81 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Le baril de pétrole était en repli depuis plusieurs jours à New York, en amont de la publication des minutes de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) des 30 et 31 juillet.

Selon ce document, «quelques» membres de ce comité «ont suggéré qu'il serait bientôt temps de ralentir le rythme des achats d'actifs» menés par la Banque centrale américaine our soutenir l'économie tandis que d'autres recommandaient encore d'être «patients».

Même si ces termes n'offrent guère de précisions, les marchés anticipent la diminution progressive prochaine des injections de liquidités (85 milliards de dollars par mois en rachat d'obligations et de titres hypothécaires).

Cette possibilité étant désormais intégrée dans l'esprit des courtiers, «le dollar devient plus fort, ce qui conduit à faire baisser le prix du baril», libellé dans la monnaie américaine, explique Phil Flynn de Price Futures Group.

Un dollar en hausse a en effet tendance à faire baisser le prix du pétrole car il pénalise les investisseurs munis d'autres devises, pour qui le baril devient plus coûteux.

«De nombreuses personnes en profitent pour faire des bénéfices maintenant», en revendant du pétrole avant qu'il ne soit vendu moins cher, poursuit-il.

La politique de relance monétaire de la Fed, apportant au marché beaucoup d'argent frais à dépenser, a favorisé l'achat d'actifs risqués comme les matières premières et le pétrole en particulier.

Mais «la hausse des rendements obligataires liée au désengagement de la Fed», déjà amorcée, va inverser la tendance et rapatrier l'argent vers des zones moins risquées, estime Phil Flynn.

Par ailleurs, «une saison de faible demande» d'or noir s'annonce une fois fini l'été, qui concentre de grands déplacements automobiles, et avant l'hiver, où les besoins en chauffage font grimper la demande de fioul. Cette saison creuse favorise en général un dégonflement du prix du baril.

Le marché pétrolier restait assez insensible à la nouvelle chute des stocks de brut américains, un mouvement pourtant habituellement positif pour les cours du brut puisque signe de vigueur de la demande énergétique des États-Unis, le premier consommateur mondial d'or noir.

Selon le département américain de l'Énergie (DoE), les réserves de brut ont ainsi diminué de 1,4 million de barils lors de la semaine achevée le 16 août, soit un peu plus que le recul de 1,3 million de barils anticipé par les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires.

Enfin, le baril est parvenu à faire fi mercredi des tensions qui persistent au Moyen-Orient, notamment en Libye et en Égypte. Mais, rappelle Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion, l'actualité de la région continue de peser du côté de l'offre.

«Le risque est la contagion des violences d'un pays à l'autre; et à la manière du +printemps arabe+ il y a deux ans, il pourrait y avoir un +automne arabe+ pour le pétrole», dit-il.

La crise sanglante en Égypte entre l'armée, largement soutenue par l'Arabie Saoudite, et les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi menace l'acheminement du pétrole, notamment dans le canal de Suez.

Par ailleurs, en Libye, la Compagnie nationale de pétrole (NOC) a décrété mercredi l'état de force majeure dans les principaux terminaux pétroliers bloqués par des hommes armés, accusés par le gouvernement de vouloir détourner le brut.

Depuis fin juillet, un mouvement de protestations de gardes d'installations pétrolières a provoqué la fermeture de plusieurs terminaux du pays.