Rio Tinto a besoin d'un «regard neuf» sur les activités de Rio Tinto Alcan pour que la division, acquise à un prix exorbitant en 2007, génère les rendements espérés. Le géant minier envisage aussi des «changements dans le design organisationnel» de ses activités d'aluminium.

C'est ce qu'ont avancé hier les dirigeants de Rio Tinto au cours d'une téléconférence avec des analystes, en marge de la publication des résultats annuels.

En 2012, la société a subi une perte nette de 3 milliards US en raison de radiations d'actifs de 14,4 milliards, dont environ 11 milliards dans l'aluminium (incluant des radiations dans la division Pacific Aluminium).

Le bénéfice net de Rio Tinto Alcan (RTA) a fondu de 99%, à 3 millions US, dans un contexte de détérioration du marché et de lock-out à l'usine d'Alma.

Le nouveau pdg de Rio Tinto, Sam Walsh, s'est engagé personnellement à ce que «chaque pierre soit soulevée afin de redresser la performance» d'Alcan.

Le chef de la direction financière de Rio Tinto, Guy Elliott, a mentionné d'éventuels «changements dans le design organisationnel» de RTA. La chef de la direction de RTA, Jacynthe Côté, n'était pas disponible pour fournir davantage d'explications hier.

Depuis qu'elle a acquis Alcan pour plus de 38 milliards à la fin de 2007, Rio Tinto a radié pour quelque 25 milliards sur la valeur de son investissement. Les prix de l'aluminium sont environ 20% plus bas qu'au moment de la transaction. La production massive des nouvelles alumineries chinoises maintient une pression à la baisse sur les prix.

«L'impact des changements structurels dans le marché est extrêmement sérieux», a expliqué M. Walsh.

»Ce n'est pas assez»

En 2011, RTA a lancé un «plan de transformation» pour faire augmenter sa rentabilité de 1,6 milliard d'ici la fin de 2015. La société a déjà dégagé des marges supplémentaires de 460 millions par des réductions de coûts et des améliorations à la productivité et aux revenus.

La concrétisation d'investissements en Colombie-Britannique et en Australie devrait permettre à Alcan de se rapprocher de son objectif, de même que la fermeture prévue des usines plus coûteuses d'Arvida et Shawinigan.

«Nous avons accompli beaucoup par nos efforts de transformation chez Rio Tinto Alcan, mais comme les résultats d'aujourd'hui le montrent, ce n'est tout simplement pas assez», affirme toutefois Sam Walsh, qui a déjà dirigé la division aluminium de Rio Tinto avant l'achat d'Alcan.

«Nous avons besoin d'un regard nouveau sur ce secteur pour s'assurer qu'il génère les rendements que nous espérons. Cela veut dire que nous devons agir pour renverser les augmentations de coûts que nous avons connues.»

M. Walsh n'a pas précisé davantage les actions supplémentaires qui pourraient être prises par RTA.

Un changement de culture

Dans une longue réponse à un analyste dans laquelle il a exposé sa philosophie de gestion, Sam Walsh a mentionné un «changement de culture, mais rien de radical». Il a parlé d'améliorer la rapidité de réponse aux changements du marché.

Il a indiqué qu'il fallait changer les façons de fonctionner dans une époque où les prix sont de plus en plus volatiles, et où l'aluminium fera face à «des conditions de marché exigeantes pour quelques années à venir».

Les analystes économiques de Rio Tinto notent que le marché de l'aluminium est toujours en situation de surplus. À moyen terme, l'aluminium fait partie des métaux pour lequel la demande augmentera le plus, prévoit la société minière. Or, l'augmentation de la capacité de production chinoise devrait largement compenser cette hausse de la demande.

Il n'y a pas que l'aluminium qui a perdu des plumes chez Rio Tinto en 2012. Les prix plus bas et plus volatiles des principaux métaux ont fait reculer les revenus globaux et le bénéfice d'exploitation de 16% et 32% respectivement.