Les surplus d'électricité coûteront environ 1,5 milliard de dollars aux Québécois d'ici 2020, a révélé mardi le patron d'Hydro-Québec Thierry Vandal.

Ces surplus résultent essentiellement des décisions du gouvernement libéral, a-t-il expliqué lors de sa visite à l'Assemblée nationale pour l'étude des crédits du ministère des Ressources naturelles.

En 2007, le déclin de l'industrie des pâtes et papiers a diminué la demande en électricité. La récession l'année suivante a aussi fait baisser la demande, a-t-il expliqué.

« Mais pour des raisons qui appartiennent augouvernement et à ses politiques de développement industriel (...),  en 2009, 2010 et 2011, on a mis de l'avant des programmes en biomasse et en petites centrales électriques », a-t-il expliqué. Il a aussi mentionné l'éolien.

M. Vandal affirme qu'il « respecte » ces décisions, tout en soulignant qu'elles « n'ont rien à voir avec les planifications des besoins d'Hydro-Québec ». La société d'État estimait ne pas avoir besoin de produire plus d'énergie.

« Ces seuls approvisionnements, contractés par obligation de décret gouvernemental après 2008, représentent 24 milliards de kW/h. L'ensemble de nos surplus (actuels) sont de 21 milliards de kW/h », a-t-il expliqué.

À cause de la chute du prix de l'énergie causée en bonne partie par l'offre abondante de gaz de schiste aux Etats-Unis, ces surplus se traduisent aujourd'hui en perte, explique-t-il. « On aurait de l'énergie accessible à 3 sous par kW/h, alors que cette énergie contractée, on la paye à 10 sous par kW/h. Donc l'écart est de 7 sous le kWh. Sur 21 milliards de kW/h, ça fait environ 1,5 milliard de dollars (en pertes). »

La semaine dernière, la ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet a mis fin au programme de mini-centrales lancé par le gouvernement libéral. Cinq projets en développement, certains déjà très avancés, sont donc annulés. C'est « une bonne décision », a commenté M. Vandal. Le programme auraitfait perdre 24 millions de dollars au Québec, calcule la ministre.

L'opposition libérale n'est pas d'accord. Elle accuse Mme Ouellet d'agir de façon « dogmatique ». « Des surplus, ce n'est pas la fin du monde », dit son député Pierre Paradis. On pourrait les utiliser pour attirer des investissements. C'est ce que Mme Marois proposait de faire en janvier au Forum économique mondial de Davos, a-t-il rappelé.

« On ne peut pas parler de non rentabilité sur 40 ans (pour les mini-centrales) », ajoute M. Paradis. Il explique qu'on ignore l'évolution à long terme du prix de l'électricité.

Les libéraux étaient accompagnés par le maire de La Tuque, furieux qu'on ait annulé son projet de mini-centrale en Haute-Mauricie sur la Manouane Sipi. Une rivière déjà harnachée, où la mini-centrale aurait donc eu « très peu d'impacts environnementaux », et qui aurait de toute façon dû obtenir le feu vert du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, soulignent les libéraux.

L'UPAC à Hydro-Québec

L'UPAC s'intéresse aux contrats octroyés par Hydro-Québec pour La Romaine, le plus gros chantier au Canada. M. Vandal a initialement dit ne pas être au courant. Il a ensuite expliqué que la société d'État a reçu un courriel de l'UPAC pour demander des « informations complémentaires sur certains contrats avec des communautés autochtones » à La Romaine. « Mais d'aucune façon il y a eu de descente (d'enquêteurs) », a-t-il lancé.

Il assure que de telles demandes sont normales et que la société d'État collabore pleinement avec l'UPAC. Mais cela ne rassure pas la Coalition avenir Québec. Il n'y a peut être pas eu de descente, concède le caquiste François Bonnardel. « Mais selon mes informations l'UPAC était chez Hydro-Québec Équipement dans les 14 derniers jours » pour « savoir comment on attribuait ces contrats de gré-à-gré (à La Romaine) », avance-t-il.

La Romaine est le plus gros chantier au Canada. Les contrats octroyés y totalisent 6,5 milliards de dollars, « majoritairement de gré-à-gré », s'inquiète M. Bonnardel.

La société d'État est « un gouvernement dans un gouvernement », dénonce M. Bonnardel. Il l'accuse de « manque de collaboration et de transparence ».