Le siège social de Rio Tinto (RIO) Alcan à Montréal ne souffrira pas de la cure minceur imposée par la société mère à sa filiale aluminium, du moins à court terme.

La vente des 13 usines de Rio Tinto Alcan situées dans 6 pays va prendre un certain temps, a expliqué hier Jacynthe Côté, qui dirige le groupe aluminium de la société minière Rio Tinto.

Dans l'intervalle, les employés du siège social continueront donc de fournir des services à ces installations. De ses bureaux de Montréal, Rio Tinto Alcan fournit aussi des services aux activités minières de Rio Tinto au Québec et ailleurs au Canada, a dit hier Mme Côté au cours d'un entretien avec La Presse Affaires de Brisbane, en Australie.

Il y a de la croissance chez Rio Tinto au Canada, dans le fer au Québec, chez Québec Fer et Titane à Sorel et éventuellement dans la potasse en Saskatchewan, a-t-elle souligné.

Rio Tinto espère vendre six usines en Australie et en Nouvelle-Zélande et sept autres situées en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis dans le but d'augmenter la rentabilité de sa filiale aluminium.

L'an dernier, Rio Tinto Alcan a généré seulement 702 millions de dollars des 14 milliards de profits du groupe Rio Tinto.

Les alumineries du Québec et celle de Kitimat, en Colombie-Britannique, ont été épargnées par le couperet, surtout parce qu'elles ont accès à de l'énergie à bas prix.

En Australie, où Rio Tinto Alcan diminuera sa présence, le coût de l'énergie est à la hausse et le gouvernement se prépare à imposer une taxe sur le carbone.

La rationalisation diminuera le poids de la filiale aluminium dans le groupe Rio Tinto, où le fer est prédominant.

Selon certains analystes, Rio Tinto a l'intention d'investir dans le fer et dans ses autres activités minières le produit de la vente des actifs de sa filiale aluminium.

Jacynthe Côté croit que l'aluminium restera une activité importante pour Rio Tinto. «Plus on est en ligne avec la stratégie du groupe et moins on est marginalisés», a-t-elle dit.

L'acquisition d'Alcan par Rio Tinto s'est avérée positive, selon elle. «Dans mon ancienne vie chez Alcan, on avait un projet tous les cinq ans et, actuellement, on a cinq grands projets en développement», a-t-elle illustré.

Rio Tinto Alcan poursuit notamment ses investissements dans la nouvelle technologie AP-60 au Saguenay et dans l'expansion de Kitimat en Colombie-Britannique. La filiale a aussi des projets d'expansion en Islande et en Australie.

Des intéressés

Les actifs mis en vente comptent pour 15% de la capacité de production de bauxite de Rio Tinto Alcan, pour 20% de sa capacité de production d'alumine et pour 33% de sa capacité de production d'aluminium.

Selon les chiffres qui circulent, la valeur de ces actifs varie entre 4 et 8 milliards US. La Chine (Chinalco) et la Russie (Rusal) seraient déjà intéressées par les usines dont Rio Tinto ne veut plus. «Nous étudierons cette opportunité», a indiqué hier à Bloomberg un dirigeant de Rusal, plus gros producteur d'aluminium au monde.

Le concurrent Alcoa, de même que les partenaires minoritaires de Rio Tinto Alcan dans les usines mises en vente, comme le norvégien Norsk Hydro et le japonais Sumimoto font aussi partie des acheteurs potentiels.

«On a suffisamment d'informations pour savoir qu'il y a des acheteurs intéressés», a fait savoir hier Jacynthe Côté.

Rio Tinto est prête à prendre le temps qu'il faudra pour conclure les transactions. «Comme on a une excellente santé financière, on veut extraire toute la valeur de ces actifs-là», a-t-elle répété.

Rio Tinto a payé très cher pour acheter Alcan en 2007, juste avant la crise financière et la chute brutale de la demande d'aluminium. Même si la demande s'est redressée, la rentabilité de cette filiale n'est pas considérée comme satisfaisante. La décision de Rio Tinto de garder uniquement les actifs les plus intéressants de cette filiale et de vendre les autres a été bien accueillie par le marché. Après cette annonce faite en Australie, le titre de Rio Tinto a gagné 1,65$ à la Bourse locale, à 69,95 dollars australiens.