Le prix de l'once d'or a abandonné 90$ US en l'espace d'une journée, le métal précieux ne parvenant pas jeudi à profiter de la débâcle boursière - la forte remontée du dollar encourageant les investisseurs à se désengager momentanément du marché de l'or.

Vers 15h00 GMT (11h00 à Montréal), le cours de l'once d'or est descendu à 1722,03$ US sur le marché au comptant, alors qu'il évoluait autour de 1815$ US la veille avant les annonces de la Réserve fédérale américaine (Fed), soit une chute de plus de 5%.

Depuis son sommet historique à 1921,15$ US le 6 septembre, il a abandonné plus de 10% de sa valeur.

«Alors que les Bourses dégringolent, que les investisseurs fuient les actifs risqués et s'inquiètent des perspectives économiques, le métal jaune, valeur refuge par excellence, devrait en profiter: sa chute est contre-intuitive», admet Ross Norman, analyste du courtier spécialisé Sharps Pixley.

«En fait, cela s'explique par le très fort renchérissement du dollar après les commentaires de la Fed», a-t-il expliqué à l'AFP.

La banque centrale a annoncé mercredi son intention de vendre pour 400 milliards de dollars US de bons du Trésor pour tenter de faire baisser les taux d'intérêt à long terme, mais elle a également insisté sur les «risques importants» pour la reprise américaine.

Cet avertissement a avivé les craintes d'un retour en récession des économies développées, et poussé les investisseurs à se tourner vers le yen et le dollar, considérés comme des monnaies plus sûres. Le billet vert s'est ainsi envolé jeudi à son plus haut niveau depuis huit mois face à l'euro.

«Or, un dollar plus cher exerce une forte pression sur les prix de toutes les matières premières, y compris de l'or», dont les achats, libellés dans la monnaie américaine, deviennent moins attractifs, et cela encourage les investisseurs à se désengager de ces marchés, a souligné M. Norman.

Par ailleurs, des fonds ou investisseurs en quête de liquidités pouvaient être tentés de vendre une partie de leur or pour compenser leurs pertes sur les autres marchés.

Cependant, le métal jaune devrait rapidement retrouver de son éclat, dopé par la robuste consommation asiatique, la morosité de l'économie mondiale et les incertitudes persistantes sur la crise des dettes européennes, notait récemment le cabinet spécialisé GFMS.

«Les taux d'intérêt très bas entretenus par la Fed pour une période prolongée (...) rendent plus attractive la possession d'or», considéré comme une réserve de valeur et un bon bouclier contre les tendances inflationnistes, faisaient valoir de leur côté les analystes de Commerzbank.