Les prix du cuivre et de l'aluminium sont descendus mercredi à leur plus bas niveau depuis dix mois, pénalisés par l'aggravation de la crise des dettes dans la zone euro et à la morosité des perspectives pour la croissance mondiale.

Ce matin, le cours de la tonne de cuivre est tombé à 8234,75$ US sur le London Metal Exchange (LME), un niveau plus vu depuis le 30 novembre 2010. Vers 10h30 (heure de Montréal), l'aluminium a vu son prix glisser à 2288$ US la tonne, un plus bas depuis la mi-décembre.

«Les prix des métaux de base reculent, car les inquiétudes sur l'Europe et l'économie mondiale plombent l'appétit des investisseurs pour les actifs jugés plus risqués», comme les actifs boursiers ou les matières premières, commentait Dan Smith, analyste chez Standard Chartered.

Ainsi, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé mardi ses prévisions de croissance économique pour 2011 et 2012 aux États-Unis, comme dans la zone euro, toujours empêtrée dans la crise des dettes souveraines alors qu'un défaut de paiement de la Grèce n'est plus exclu.

Baromètre du marché, le cours du cuivre a abandonné près de 10% depuis début septembre, à l'unisson d'une violente débâcle des Bourses européennes.

Cependant, la demande mondiale de métaux de base demeure robuste, tirée par les pays émergents, ce qui devrait contribuer grandement à limiter le recul des prix, a tempéré Dan Smith.

«Il y a encore peu de signes d'un impact des tempêtes des marchés financiers sur l'activité industrielle, ce qui constitue une différence notable avec la crise de 2008», qui avait vu Bourses et prix des matières premières s'effondrer de concert, a-t-il averti.

Les stocks de cuivre entreposés au LME n'ont progressé que très légèrement (+1%) en août par rapport au mois précédent, tandis que ceux d'aluminium diminuaient de 2%, signe d'une relative résistance de la demande, «alors que ces stocks avaient bondi en 2008», a-t-il expliqué.

Pour les analystes de Barclays Capital, le robuste appétit de la Chine, premier pays consommateur de métaux de base dans le monde, soutient particulièrement le marché, avec une hausse de 21% sur un mois de ses importations de cuivre raffiné en août.

Par ailleurs, les tensions sur l'offre de métal rouge restent vives, alors qu'en Indonésie, une grève paralyse depuis la semaine dernière la production de la mine géante de Grasberg (qui représente environ 4% de la production mondiale de cuivre).

Le marché mondial du cuivre souffre déjà d'un déficit de production très important de 130 000 tonnes au premier semestre 2011, selon un rapport du Groupe international d'études sur le cuivre (ICSG) publié mercredi.