La demande en «terres rares», ces matériaux indispensables à la fabrication de nombreux objets technologiques, devrait dépasser l'offre en 2011, obligeant les pays consommateurs à hiérarchiser leurs besoins et innover pour remplacer ces composants, selon des experts australiens.

Ces métaux indispensables à la fabrication des iPods, écrans plats ou panneaux solaires, ont créé cet automne de nouvelles frictions diplomatiques entre la Chine, premier producteur mondial, et le Japon, gros consommateur, Tokyo accusant Pékin de restreindre ses exportations.

«Nous avons une crise classique de l'offre et de la demande. Si rien d'anormal ne survient, la demande mondiale devrait excéder l'offre dès 2011», estime Brent McInnes, professeur à l'Université Curtin d'Australie de l'Ouest.

«À partir de 2016, il est évident que la seule demande chinoise sera supérieure à l'offre mondiale», ajoute-t-il.

La demande en terres rares - 17 éléments chimiques qui entrent dans la composition des produits de haute technologie et de technologie verte - a explosé avec le succès des téléphones multifonctions (smartphones), des ampoules à basse consommation ou encore des caméras numériques.

La Chine qui fournit actuellement 97% de la consommation mondiale, restreint de son côté ses exportations pour alimenter sa demande intérieure.

«Il y a toute une série de secteurs qui bâtissent des industries de haute technologie dépendantes d'une offre très étroite», souligne John Cole, directeur du centre australien pour l'économie durable et le développement.

Selon Brent McInnes, «la Chine sait qu'à un moment, elle aura besoin de toutes les terres rares qu'elle produit».

Les prix de ces matériaux sont restés stables pendant des années, donnant une fausse impression de sécurité aux secteurs de la haute technologie. Mais leurs prix se sont envolés de 300% sur les 12 derniers mois.

«En temps normal, lorsque le prix de matériaux devient si élevé, les secteurs acheteurs cherchent à développer des produits qui n'ont pas besoin de ces composants», rappelle le professeur à l'Université Curtin.

La diminution de l'offre et la hausse des prix soulignent la nécessité de développer des solutions alternatives, comme par exemple les bio ou les nano-technologies, selon lui.

John Cole note que les terres rares sont parfois utilisées dans des objets de «faible valeur» tels que les écrans plasma de télévision, reflétant selon lui le manque d'appréciation des industriels pour un matériau qui se raréfie.

Les applications liées à la santé, la défense, la communication et aux industries vertes «montrent que l'on pourrait hiérarchiser» l'utilisation des terres rares, ajoute-t-il.

Autre piste pour économiser ces matériaux: le recyclage.

Un Australien produit en moyenne chaque année six kilos de déchets électroniques, ce qui signifie que de grandes quantités de terres rares - utilisées dans le verre, les cables de fibre optique, les aimants... - se retrouvent à la poubelle, souligne M. Cole.

«Une utilisation optimisée des terres rares réclame que nous récupérions ces matériaux et que nous les réutilisions», déclare-t-il.

L'Australie, qui possède 5% des réserves mondiales de terres rares, veut en devenir l'un des principaux fournisseurs, d'ici 2014.