Quelques mois après s'être résigné à vendre Canadian Royalties à des intérêts chinois pour 192 millions, le fondateur et ancien PDG Glenn Mullan se montre encore déçu, mais tout de même rassuré par l'attitude des nouveaux propriétaires.

Jien Canada, coentreprise formée par la chinoise Jilin Jien Nickel (75%) et son partenaire canadien Goldbrook Ventures (25%), a mis la main sur Canadian Royalties en novembre dernier. Très amer, M. Mullan avait dénoncé le manque d'intérêt du Québec inc. et des investisseurs institutionnels québécois pour sauver l'entreprise.

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Rencontré à Toronto dans le cadre du congrès de l'Association des prospecteurs et développeurs du Canada, la semaine dernière, M. Mullan s'est montré encouragé par la tournure des événements.

«J'aurais aimé mieux qu'on reste indépendant, mais les nouveaux propriétaires ont démontré une capacité de respecter les besoins là-bas, surtout en termes de relations avec les Inuits, a expliqué M. Mullan. Pour une transaction qui a débuté en étant hostile, l'évolution est remarquable.»

M. Mullan est resté impliqué dans Canadian Royalties à titre de président honoraire du conseil. Il est responsable des relations avec le gouvernement du Québec et les Inuits, notamment. Il s'envolera demain vers la Chine où il visitera les installations de Jilin Jien Nickel et prendra connaissance de leurs façons de faire.

Vers le redémarrage

Canadian Royalties, toujours en période de transition, retrouve aujourd'hui son camp dans l'extrême nord du Québec. Une dizaine d'employés entrent au camp Berbegamo pour maintenir le site prêt pour un éventuel redémarrage.

Il est cependant trop tôt pour y voir une relance officielle de la construction du site Nunavik Nickel, suspendue en 2008. «On rouvre le camp pour faire l'entretien, on prévoit faire une campagne d'exploration et on fait quelques travaux préparatifs pour aménager le camp», explique le président et chef des opérations de Canadian Royalties, Grant Arnold.

M. Arnold ne sait pas quand la société pourra officiellement redémarrer le projet. «C'est possible que ce soit cette année. Mais tout dépend des études et des approbations.»

«Mais pour faire quelque chose dans le Nord, il faut débuter quand même assez tôt au printemps, précise-t-il. Peu importe ce qui se passe, ça demande du monde en haut et la réouverture du camp.»

Canadian Royalties a formé le projet Nunavik Nickel à partir de plusieurs découvertes effectuées à partir de 2001 dans l'extrême nord de la province, près de Kangiqsujuaq.

La société montréalaise avait entamé le développement du projet en 2007, mais la crise financière en a forcé l'interruption en août 2008.

À ce moment, à peu près 300 personnes travaillaient sur le site. Ils avaient notamment coulé les fondations du moulin et bâti les armatures. En 2009, Canadian Royalties n'est allée sur place que pour des travaux d'entretien, des travaux environnementaux, et sécuriser les lieux.

«On a pris du recul»

La «nouvelle» Canadian Royalties, constituée en bonne partie de l'équipe d'origine, est en train de réétudier l'étude de faisabilité réalisée en 2007. «Nous étions rendus au tiers du projet en 2008, explique Grant Arnold. Avec l'arrêt du projet, on a pris du recul. Il faut maintenant établir ce qu'il manque pour le cheminement du projet avant de se relancer comme en 2008.»

À partir du redémarrage des travaux, il faudra un minimum de deux ans avant d'en arriver à une mine fonctionnelle.

La première étude de faisabilité faisait état d'un investissement de 465 millions pour la construction de la mine, mais cette estimation a toutes les chances de changer. La société a un rattrapage à faire, et les coûts ont évolué.

Selon l'étude de 2007, le projet Nunavik Nickel prévoit, à chacune des quatre premières années de production, une production de 26 millions de livres de nickel, 38,8 millions de livres de cuivre, 900 000 livres de cobalt, 14 500 onces de platine et 78 600 onces de palladium. Aux prix courants, il est question d'un potentiel de revenus de 1,8 milliard pour l'ensemble quatre premières années, selon les calculs de La Presse Affaires.