Julie Girardot est propriétaire d'un complexe funéraire. La présidente et unique actionnaire de la PME Girardot et Ménard, à Granby, se donne corps et âme à son métier. Elle travaille six jours par semaine et cumule à peu près toutes les tâches dans l'entreprise que son arrière-grand-père a fondée il y a 102 ans.

La gestion des ressources humaines, les approvisionnements, la publicité, la gestion, les préarrangements, la supervision de funérailles, rien n'échappe à cette mère de famille de 40 ans. Sur les quelque 300 décès que sa PME gère annuellement, Julie Girardot rencontre presque 75% des familles endeuillées qui viennent cogner à sa porte et qui, de plus en plus, veulent un service clé en main ou des funérailles personnalisées.

«C'est là ma principale force. J'aime rencontrer les gens, les aider dans ce moment difficile qu'est le deuil. J'ai le feu sacré. Je ne vois pas ça comme un travail. Quand les gens sortent de mon bureau et qu'ils me disent que si je n'avais pas été là, ils auraient eu plus de difficulté à passer au travers, je crois qu'il n'y a rien de plus gratifiant», dit-elle.

Le fait qu'elle soit une femme n'est pas étranger à cela, croit Julie Girardot. «Une femme va apporter une certaine douceur. Elle va travailler avec son coeur de mère», croit-elle. Au Québec, de plus en plus de femmes exploitent une entreprise funéraire. À l'instar de plusieurs autres secteurs professionnels, les services funéraires se féminisent depuis une dizaine d'années.

La chose la plus difficile dans son travail: la mort d'un enfant. «Peu importe les circonstances, c'est parfois très lourd. Quand le service est terminé et qu'on retourne chez nous, ça nous suit. C'est là que tu comprends que la vie est fragile. Je travaille beaucoup, mais j'essaie de profiter de la vie à chaque instant», explique Julie Girardot.

Gamine, la présidente de Girardot et Ménard savait déjà qu'elle voulait suivre les traces de son père, Jacques. «Je paradais à la maison en portant son chapeau haut de forme et son veston noir», dit-elle. Son paternel la voyait thanatologue; elle était plutôt attirée par les relations humaines et l'administration. La jeune femme obtient donc un baccalauréat en gestion des affaires à l'UQAM.

En 1995, à l'âge de 23 ans, elle se joint à l'entreprise familiale à temps plein. En 2009, elle coordonne la construction d'un complexe funéraire multiservice flambant neuf à deux pas du cimetière de Granby. En 2010, au décès de son père, elle devient seul maître à bord. Elle déborde de projets et s'interroge, en ce sens, sur ce que seront les services funéraires dans 25 ans.