Être approché par un chasseur de têtes peut être déstabilisant, mais, avouons-le, très flatteur. Il faut cependant garder la tête froide. Que vous soyez intéressé ou non, ce contact peut vous rapporter gros.

Jean-Francis Pesant est approché par un chasseur de têtes tous les mois et parfois même plus. «Je ne suis pas une exception, précise ce comptable. Pratiquement tous mes collègues vivent la même chose.»

Surprenant? Pas vraiment. Surtout dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre. Tout professionnel ou cadre qui cumule plusieurs années d'expérience peut s'attendre à recevoir un tel appel au cours de sa carrière. Et y répondre avec discernement peut vous rapporter gros.

«La règle d'or est de rester ouvert et courtois, affirme Xavier Thorens, président de Thorens Solutions, une firme de chasseurs de têtes. Même si vous n'êtes pas à la recherche d'un emploi, c'est peut-être une opportunité inespérée qui s'offre à vous.»

Que vous soyez intéressé ou non, collaborez avec votre interlocuteur. «Je n'ai jamais été tenté par une proposition de recruteur, mais ça ne veut pas dire que cela n'arrivera jamais, mentionne Jean-Francis Pesant. C'est pourquoi je garde toujours la porte à moitié ouverte. J'écoute l'offre jusqu'au bout, puis je réponds que j'aime mon emploi actuel et que je le contacterai si j'ai des noms de candidats potentiels à lui soumettre.»

Une excellente stratégie, selon Michèle Perryman. «Le chasseur de têtes s'en rappellera», assure la directrice principale de la pratique en recherche de cadres chez Raymond Chabot Ressources Humaines.

Si vous refusez, concluez l'appel en décrivant votre profil et en laissant vos coordonnées. Vous intégrerez le réseau de contacts du recruteur, ce qui se révélera fort utile en temps et lieu.

Ne vous emballez pas

Être approché par un recruteur peut être déstabilisant, particulièrement quand vous êtes au bureau à proximité d'oreilles indiscrètes. «Un bon chasseur de tête agira en toute confidentialité et vous demandera si vous êtes libre pour discuter, dit Xavier Thorens. La plupart du temps, c'est non. Convenez d'un moment approprié et émettez le souhait qu'on vous envoie la description de poste à votre adresse électronique personnelle.»

Entre-temps, ne vous emballez pas. On ne vous offre pas un emploi sur un plateau d'argent. «Nous sommes mandatés par un employeur pour cibler un éventail de candidats dans le but de combler un poste précis», souligne Michèle Perryman.

Aller de l'avant avec un chasseur de têtes, c'est donc s'engager dans un processus de sélection. Après avoir reçu son CV, le recruteur vous convoquera en entrevue, puis jugera si vous correspondez aux exigences de son client. Si c'est le cas, vous serez interviewé par l'employeur.

Pour prendre une décision éclairée, posez vos questions. Quels sont les défis qui vous attendent? Pourquoi ce poste est-il ouvert? Le supérieur immédiat est en fonction depuis combien d'années? Qui vous réfère? Et la question à mille dollars : qui est l'employeur? Certains recruteurs vous le diront, d'autres non.

«N'hésitez pas à demander pour qui travaille le chasseur de têtes, ajoute Mme Perryman. Par le passé, certains se sont improvisés recruteurs et ça a causé de mauvaises expériences.»

Pour vous aider à évaluer la crédibilité du chasseur de têtes, référez-vous au tout nouveau Code de conduite à l'usage des conseillers en recherche de cadres élaboré par l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. On y décrit comment le recruteur doit se comporter à votre égard.

Soyez discret

Bien que vous soyez fier qu'on vous ait approché, n'allez pas vous en vanter. Certains ont à peine terminé leur conversation avec le recruteur qu'ils courent voir leur patron pour négocier un meilleur salaire. «Ce n'est pas très éthique», remarque Mme Perryman.

Xavier Thorens observe lui aussi ce phénomène. «Quelques-uns se rendent même au bout du processus de sélection, reçoivent une offre formelle du client et se tournent vers leur patron pour faire monter les enchères. Ils perdent la confiance de tout le monde : leur employeur, le recruteur et le client. Et comme le marché du travail est petit, le mot se passe vite sur ce genre d'événement...» Un candidat averti en vaut deux!