Arthur Quentin, la boutique phare de la rue Saint-Denis, ferme ses portes. Est-ce le début de la fin pour cette grande artère ? De nouveaux commerces ouvrent, mais pas assez pour réduire le taux d'inoccupation, qui s'élève à 23 %. Et des obstacles bureaucratiques nuisent à la relance. Parlez-en à François Baron.

La fin de la mythique boutique Arthur Quentin

Arthur Quentin va fermer ses portes après 43 ans. Cette nouvelle, annoncée mercredi soir aux plus fidèles clients de la boutique d'objets pour la maison, risque de porter un dur coup à la rue Saint-Denis, qui peine à trouver un nouveau souffle.

Arthur Quentin n'est pas un commerce comme les autres. C'est celui dont l'ouverture, en 1975, entre un cinéma porno et un oratoire, a marqué la renaissance de la rue telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Et c'est l'une des rares adresses de destination sur cette artère commerciale, qui affiche un taux d'inoccupation de 23 %.

Privée de relève, la propriétaire Maryse Cantin a décidé, à 72 ans, de fermer définitivement les portes de la boutique. L'immeuble, ou plutôt les trois immeubles qu'elle possède rue Saint-Denis, mis bout à bout (8500 pieds carrés au total), sont à vendre au prix de 3 150 000 $.

Sur le site de l'agence immobilière CBRE, on peut lire que la propriété « bénéficie d'une excellente visibilité sur l'une des rues les plus passantes de la ville » et qu'elle « pourrait être redéveloppée afin de bonifier le nombre d'unités résidentielles et ainsi augmenter son revenu net d'exploitation ».

Pas d'éternité possible

Maryse Cantin aurait aimé trouver un acheteur intéressé à poursuivre la vocation de sa boutique, quitte à la modifier. Mais ça semble être une cause perdue.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L'immeuble qui abrite la boutique Arthur Quentin, rue Saint-Denis, ainsi que les deux bâtiments voisins ont été mis en vente au prix de 3 150 000 $.

« Mon grand ami et premier client André Gagnon [le pianiste] m'a dit un jour "je souhaite à Arthur Quentin une vie éternelle" », rappelle-t-elle dans la lettre qu'elle a rédigée à l'intention de ses clients. « J'en suis désolée, André, mais il n'y aura pas d'éternité pour Arthur Quentin. Après 43 ans de rayonnement sur la rue Saint-Denis, le magasin va fermer ses portes. Je voulais que vous soyez les premiers à le savoir. »

« Bien sûr, nous sommes tous tristes de devoir en arriver là, mais il est temps de nous retirer pour laisser la place à d'autres générations qui pourront, à leur tour, créer des choses qui leur ressemblent. »

La vente de fermeture commence aujourd'hui. « Tous les produits seront vendus avec une remise variant de 30 à 50 % », précise Mme Cantin, qui a accepté de nous accorder une entrevue pour clore ce chapitre de sa vie, qui est aussi un chapitre de la rue Saint-Denis.

Les défis d'une femme en affaires

Au milieu des années 70, quand Mme Cantin a eu l'idée d'ouvrir ce magasin, personne ne voulait lui louer de local. Pourquoi ? Elle était une femme. Jeune (27 ans). Francophone. Et les institutions financières ne croyaient pas à la viabilité de son projet. Tant pis. Elle a acheté l'immeuble, dont personne ne voulait, entre Roy et Duluth. Fonctionnaire au gouvernement fédéral, elle avait donné sa démission, récupéré son fonds de pension et emprunté 10 000 $ à sa mère.

« J'ai négocié sans trop le savoir une balance de vente avec le vendeur puisque la banque ne voulait pas me faire confiance », raconte-t-elle.

À l'époque, la rue Saint-Denis n'avait pas encore subi de métamorphose. Les immeubles bourgeois de la fin du XIXe siècle étaient décrépits et avaient été transformés, pour la plupart, en maisons de chambres. Le Théâtre d'Aujourd'hui était un cinéma porno. Et le commerce d'en face vendait des hotdogs.

Aussi, quand l'agence immobilière CBRE lui a demandé, récemment, si elle accepterait des offres d'achat en anglais, sa réponse ne s'est pas fait attendre : « Non ! »

« J'ai commencé quand les femmes n'étaient pas respectées et que le français n'était pas respecté. Je ne peux pas croire que je vais finir ma carrière dans les mêmes conditions ! »

Sociologue de formation, Mme Cantin vient d'une famille de commerçants. Aussitôt ouvert, son magasin a connu le succès. Son chiffre d'affaires doublait d'année en année. Les clients accouraient de partout à Montréal. Avec le temps, d'autres commerces sont apparus, dont L'Express, ouvert en décembre 1980. Les détaillants se sont multipliés. Les loyers et les taxes ont grimpé. Et l'architecture de certains bâtiments a été massacrée.

Pas de profits depuis huit ans

Mme Cantin l'avoue : les huit dernières années ont été difficiles.

À qui la faute ? Aux médias spécialisés qui, soudainement, ont cessé de parler de sa boutique ? Aux politiques de stationnement de l'arrondissement du Plateau, qui ont rendu l'accès plus compliqué en voiture ? Aux travaux qui n'en finissaient plus de finir dans la rue Saint-Denis ? Peut-être un peu tout ça. Et aussi le fait que la compétition s'est intensifiée. L'ouverture de petites boutiques dans de nombreux quartiers de Montréal, rue Fleury, rue Masson ou avenue Laurier, n'a pas aidé. Ni les commandes en ligne...

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Maryse Cantin, propriétaire de la boutique Arthur Quentin, a décidé de fermer définitivement les portes de l'institution de la rue Saint-Denis.

« Arthur Quentin, c'est un commerce qui a un succès d'image et d'estime, beaucoup plus qu'un succès financier, précise la propriétaire. Ça fait huit ans que je ne fais pas une cenne. Je n'en perds pas, mais je ne me paye pas de salaire, et je ne me paye pas de bons loyers (c'est moi la propriétaire des bâtisses). Faut vraiment vouloir continuer. Tout ça pour maintenir des emplois. Mais il y a un moment où on ne peut plus. »

Cela dit, Mme Cantin ne pense pas que la fermeture de son magasin marque la fin de la rue Saint-Denis.

« Il y a des choses intéressantes et il y en aura. Je ne crois pas que c'est fini, la rue Saint-Denis. C'est fini pour moi parce que, honnêtement, je viens d'avoir 72 ans. À un moment donné, je suis fatiguée. »

« Si ça marchait tout seul, je ne dis pas, parce que j'ai trois assistantes (Anne Berthiaume, Sylvie Sauvé et Renée Fournier), mais c'est d'arrache-pied tout le temps. Un magasin comme ça, ça coûte cher. »

Dans les belles années, Maryse Cantin a possédé jusqu'à trois magasins : deux à Montréal et un à Toronto, en plus d'un atelier de liquidation, rue Saint-André. Arthur Quentin a aussi vécu deux agrandissements. Une première fois, en 1984, avec l'achat de l'immeuble voisin, identique au premier. Puis une deuxième fois, en 1988, avec l'achat de l'autre immeuble voisin, lui aussi identique.

Mais cette époque est terminée depuis un bon moment. La boutique Bleu Nuit, spécialisée dans le linge de maison, a fermé en 2013 après 34 ans. La boutique de Toronto a aussi fermé. Tout comme l'atelier de la rue Saint-André. Ne reste plus qu'Arthur Quentin.

« Ce n'est pas seulement la rue Saint-Denis qui perd un gros morceau, dit-elle. Mais tout Montréal. Cela peut faire prétentieux, mais je fais simplement me souvenir à quel point il n'y avait rien... »

Que faire pour relancer la rue Saint-Denis ?

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Ouverte en 1975, la boutique d'objets pour la maison Arthur Quentin, véritable institution de la rue Saint-Denis, va fermer ses portes après 43 ans, a-t-on appris hier.

Si un certain nombre de mesures ont été mises en place par la Ville de Montréal pour faciliter le recrutement de nouveaux commerces, il n'y a pas de plan de relance d'envergure, comme c'est le cas pour la rue Sainte-Catherine. Cette artère, refaite presque à l'identique en 2016, attend toujours un projet, une vision pour assurer son avenir.

COUP DE BALAI

Il est vrai que le maire du Plateau, Luc Ferrandez, a parlé du « coup de balai » dont la rue a besoin, mais celui-ci se fait attendre. « À mon avis, Saint-Denis a besoin d'un second souffle, malgré tout le bon travail de la SDC, tout le bon travail des commerçants, je pense qu'il faut donner une grande poussée à Saint-Denis », a-t-il dit, en novembre 2016, dans le cadre d'une conférence sur l'avenir de cette artère. 

« Saint-Denis pourrait certainement arriver à combler son taux de vacance avec d'autres rues. Moi, je voudrais que ça ne soit pas simplement pour des raisons commerciales qu'on rénove Saint-Denis, mais aussi pour des raisons urbanistiques, sociales et patrimoniales », a-t-il ajouté, préconisant de réduire la largeur de la rue, d'éliminer des places de stationnement, de limiter les heures de livraison, de baisser la vitesse permise, de revoir les intersections, d'élargir les trottoirs et d'ajouter des pistes cyclables.

PLAN DE RÉNOVATION

Deux ans et demi plus tard, il n'y a toujours pas de plan de rénovation pour Saint-Denis. Et rien n'indique que la vision du maire Ferrandez serait celle qui pourrait redonner vie à cette artère. 

En attendant, de très nombreux locaux sont à louer ou à vendre. Il n'y a qu'à faire un tour pour le constater. Et encore. Ce ne sont pas tous les locaux à vendre ou à louer qui s'affichent sur la rue. Après le détaillant d'articles de plein air MEC, en janvier, la fermeture d'Arthur Quentin risque d'aggraver les choses.

Dans ce contexte, on comprend la directrice de la SDC, Lyne Beauvilliers, de limiter ses interactions avec les médias, de peur de nuire encore plus à l'image de Saint-Denis.

LES TAXES

Selon Mme Beauvilliers, pour assurer la relance de la rue, il faut revoir les loyers et les taxes à la baisse. « Un des enjeux majeurs des locaux vacants est le prix de location et le pourcentage de taxation qui sont trop élevés », dit-elle, ajoutant que plusieurs propriétaires de locaux vides (« à Dubaï, en Chine ou ailleurs dans le monde ») sont injoignables, ce qui complique les choses.

Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal et spécialiste du commerce de détail, est d'accord avec Mme Beauvilliers sur un point : la taxation. « La Ville est encore convaincue que la taxe sur les édifices commerciaux, c'est la manne, dit-il. On est la municipalité où les taxes commerciales sont les plus élevées par rapport au résidentiel. Le taux de taxation n'est plus adéquat. C'était peut-être une rue de destination, mais ce n'est plus le cas. »

BALAYAGE

La transformation du commerce de détail est un phénomène mondial, auquel n'échappe pas la rue Saint-Denis. « Il y a un balayage naturel qui se fait dans la rue. On travaille fort pour faire du recrutement commercial, avoir des boutiques signature qu'on ne retrouve pas ailleurs », détaille la directrice de la SDC, qui prévoit de se rendre prochainement en France pour tenter d'attirer « des boutiques uniques » rue Saint-Denis. « Il y a beaucoup de Français qui vivent dans le Plateau et qui ont des besoins, précise-t-elle. Le groupe d'âge a changé. On doit s'adapter et aller chercher des commerces qui répondent à ces gens. »

QUATRE AXES

À la Ville, la stratégie des rues commerciales repose sur quatre axes : dynamiser les artères et diversifier l'offre, soutenir la création et le développement de commerces, adapter les politiques municipales aux transformations des modèles d'affaires et aider les commerçants pendant les travaux, précise Robert Beaudry, responsable du développement économique et commercial au comité exécutif.

Des exemples d'initiatives prises par la Ville, rue Saint-Denis ? Le projet de rue piétonne, rue Gilford, devant le métro Laurier. Des sentiers bientôt réaménagés au square Saint-Louis. L'achat de l'ancien Institut des sourdes-muettes : l'immense immeuble de pierre pourrait abriter une coopérative d'habitation ou des bureaux administratifs de l'arrondissement.

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URGENCE

Mais pour Jacques Nantel, ce n'est pas suffisant. Il y a « urgence » d'agir, dit-il. « Ce qu'on oublie, c'est qu'il y a une grosse différence entre Boston, Strasbourg ou Barcelone et Montréal. Nous n'avons pas la densité de population de ces villes au kilomètre. Pas pour l'instant. Ensuite, nous n'avons pas le même tourisme. Et enfin, c'est peut-être cruel à dire, mais nous n'avons pas leurs revenus moyens. » À court terme, selon M. Nantel, la solution consiste à segmenter la rue Saint-Denis en plusieurs tronçons et à favoriser le commerce de proximité. Ça et « revoir les taxes à la baisse », souligne-t-il.

Dans les dédales bureaucratiques

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De nombreux locaux commerciaux de la rue Saint-Denis sont à vendre ou à louer depuis des années. Ne vaudrait-il pas mieux en convertir certains en appartements plutôt que de les laisser vacants ?

C'est ce que François Baron avait en tête quand il a acheté une maison de quatre étages, rue Saint-Denis, entre Roy et Duluth, le 6 décembre 2018. Mais, avant de passer chez le notaire, il a consulté l'arrondissement pour s'assurer qu'il pourrait convertir le rez-de-chaussée, zoné commercial, en appartement.

On lui a dit oui, dans un premier temps. Puis, non, quand est venu le temps de délivrer le permis.

La raison ? Le fonctionnaire qui lui a répondu, le 18 septembre dernier, aurait mal interprété le règlement d'urbanisme...

La règle du 1,6 m

Que dit ce règlement ? Que le rez-de-chaussée ne doit pas être situé à plus de 1,6 m du niveau du sol. Celui de M. Baron est à 2,2 m du sol. Il faut monter 10 marches pour atteindre la porte. Et sous ce rez-de-chaussée, inoccupé depuis des années, se trouvent deux niveaux : un appartement, à 30 cm sous le sol, loué à la bijouterie Oz, et une cave de 7 pi 10 po qui sert à de l'entreposage.

Selon le règlement, si ce n'est pas un rez-de-chaussée, l'espace peut être transformé en appartement.

Mais le problème, lui a-t-on expliqué en janvier, après qu'il eut acheté la maison, c'est que ce règlement de 1,6 m ne concerne pas les vieilles maisons comme la sienne, mais plutôt les constructions neuves.

Pas de hauteur maximale

« Il n'y a pas de hauteur maximale pour le rez-de-chaussée, car celui-ci est déterminé par le premier plancher hors sol. La rue Saint-Denis a la particularité d'avoir des niveaux de plancher très variables et des premiers étages surélevés », explique Catherine Piazzon, chargée de communication pour l'arrondissement du Plateau.

L'appartement que M. Baron désire convertir en espace résidentiel était pourtant un appartement à l'origine. Il a été transformé en commerce, tout comme le sous-sol, dans les belles années de la rue Saint-Denis.

Aujourd'hui, ces belles années ont fait place à des années plus difficiles et des dizaines de locaux sont vacants. Certains locataires ont quitté la rue parce que les loyers étaient trop chers. D'autres, parce que les taxes étaient trop élevées et que l'achalandage était insuffisant. C'est le cas du designer Philippe Dubuc qui a déménagé sa boutique dans le Vieux-Montréal, après avoir été rue Saint-Denis pendant 18 ans. Le local qu'il occupait est toujours vide, six ans plus tard.

« Ça ne marche jamais »

Maryse Cantin, propriétaire de la boutique Arthur Quentin, trouve absurde cette idée de vouloir conserver à tout prix la vocation commerciale de certains locaux inoccupés et inintéressants sur le plan commercial. Surtout ceux qui étaient résidentiels dans le passé. Les magasins aménagés au sous-sol des immeubles, « ça ne marche jamais », dit-elle.

Et ceux qui sont dans des rez-de-chaussée surélevés sont difficiles d'accès et peu visibles de la rue. Ils seraient plus faciles à louer s'ils étaient résidentiels, comme avant. Et cela aurait l'avantage de faire disparaître quelques pancartes « À louer ».

Mais la Ville refuse parce qu'elle veut favoriser la « déambulation ». Si trop de ces locaux commerciaux deviennent résidentiels, elle craint que cela nuise aux autres commerces et à l'expérience des piétons. Pas seulement rue Saint-Denis, mais dans toutes ses rues commerciales.

« Notre expérience démontre qu'un résidant d'une unité de logement située au rez-de-chaussée d'une artère commerciale veut réduire son interaction avec la rue pour préserver son intimité, ce qui nuit à l'animation de la rue », indique Mme Piazzon.

Des fois oui, des fois non

De son côté, M. Baron ne sait plus trop quoi faire.

« Les appartements se louent facilement sur Saint-Denis. Beaucoup plus que les commerces », assure-t-il.

L'immeuble qu'il a acheté en décembre appartenait à Claude Tremblay, décédé en septembre 2017. M. Baron le connaissait personnellement parce qu'il a habité dans la maison voisine, avec sa femme et ses quatre enfants, de 2004 à 2017. C'est sur la foi de ce que le fonctionnaire lui a dit en septembre qu'il a acheté la propriété quelques mois plus tard. Mais le 20 janvier, sa demande de permis était refusée.

« Avoir su, je ne pense pas que je l'aurais achetée. Financièrement, c'est trop lourd. Et les commerces, ça ouvre, ça ferme. »

Mais ce n'est pas tout. M. Baron, qui gagne sa vie comme courtier immobilier sur le Plateau, a découvert que les propriétaires d'une maison de la rue Saint-Denis semblable à celle qu'il a achetée avaient transformé le premier étage en espace résidentiel, en 2017, après avoir obtenu un permis de la Ville. Il a fait une demande d'accès à l'information pour s'en assurer et soumis à la responsable de son dossier à l'arrondissement les résultats de sa petite enquête. Depuis, il attend une réponse.

« C'est la seule chose qui me donne espoir », confie-t-il.

Entre deux portes

Dans l'intervalle, il a modifié sa demande de permis, pour exclure la transformation du rez-de-chaussée, et patiente en attendant la réponse de l'arrondissement.

Que fera-t-il de son local vide ? « Je ne sais pas. Je suis dans un cul-de-sac », répond-il.

Jacques Nantel pourrait comprendre la position de la Ville dans ce dossier si un plan de revitalisation de la rue se profilait à l'horizon. « Mais on n'a pas l'ombre de ça, déplore-t-il. La rue Saint-Denis n'est plus une rue de destination. C'est peut-être très simpliste comme analyse, mais c'est un peu comme si on était pris entre deux portes. Et en commerce, c'est le pire endroit. »

Qu'en pense la Société de développement commercial (SDC) de la rue Saint-Denis ?

« On considère qu'il y a un surplus d'espaces commerciaux, pas juste sur la rue Saint-Denis, mais à la grandeur de Montréal », répond Judith Noël-Gagnon, présidente de la SDC et propriétaire du commerce Mycoboutique. « L'arrondissement du Plateau pourrait faire preuve de plus de souplesse pour permettre la transformation vers le résidentiel de certains espaces pour assurer la revitalisation du secteur, croit-elle. Ce serait le fun que des places inoccupées soient habitées. Il faut se mettre à la carte, s'arrimer aux tendances du commerce du détail. La rue Saint-Denis a besoin d'un souffle nouveau. »

La position de la directrice générale de la SDC, Lyne Beauvilliers, est plus nuancée. « La transformation des espaces commerciaux en espaces résidentiels est un dossier sur lequel la SDC se penche avec l'arrondissement, dit-elle prudemment. Il faut s'interroger et analyser les impacts avant de prendre position. »

La rue Saint-Denis en chiffres 

15

Nombre de nouveaux commerces qui ont ouvert leurs portes rue Saint-Denis en 2018, dont La Dépendance, Code & Café et Rachelle-Béry

1,4 km

Longueur de l'artère commerciale entre les rues Roy et Gilford

23 %

Pourcentage des locaux commerciaux vacants, à vendre ou à louer, ou simplement inoccupés

1975

Ouverture du magasin Arthur Quentin, qui donne un nouvel élan à l'artère

100 000 $

Revenu annuel moyen des entreprises que cherche à attirer la SDC pour augmenter l'achalandage rue Saint-Denis

Source : SDC rue Saint-Denis

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

À cause d'un règlement d'urbanisme, François Baron est incapable de transformer le rez-de-chaussée de sa maison de quatre étages, rue Saint-Denis, zoné commercial, en appartement.