Le patron de la Banque du Canada estime que le taux directeur est suffisamment bas, à son niveau actuel de 1,75 %, pour avoir un effet stimulant sur l'économie.

Cependant, même dans le contexte d'une économie plus forte, le gouverneur Stephen Poloz a fait valoir que la trajectoire du taux de référence vers une fourchette probablement comprise entre 2,5 % et 3,5 % restait « très incertaine ».

La cible de la banque - cette « fourchette neutre » - est une estimation du niveau privilégié pour le taux d'intérêt lorsque l'économie fonctionne au maximum de sa capacité et que l'inflation se situe dans la zone cible comprise entre 1,0 % et 3,0 %.

Dans le texte d'un discours prononcé jeudi à Montréal, M. Poloz a affirmé que la banque centrale continuait de s'appuyer sur les données pour étudier l'évolution de plusieurs incertitudes importantes.

Elle examinera notamment l'impact des taux d'intérêt plus élevés sur les Canadiens endettés, l'adaptation des marchés du logement à la hausse des coûts d'emprunt et des directives hypothécaires plus strictes, les perspectives d'investissement des entreprises et l'environnement commercial mondial, « très incertain ».

« Compte tenu de ces incertitudes, nous avons maintenu le taux directeur à 1,75 % depuis octobre dernier », a affirmé M. Poloz dans son discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

« Notre approche va continuer de dépendre fortement des données, à mesure que les choses évoluent au Canada et à l'étranger. »

L'amélioration de l'économie a convaincu la banque de relever son taux directeur à cinq reprises depuis l'été 2017 pour éviter que l'inflation grimpe trop haut. Aucune hausse n'a cependant eu lieu depuis octobre.

« Mais comme ce taux reste plus bas que l'inflation, il est clair que la politique monétaire stimule encore l'économie aujourd'hui », a affirmé M. Poloz.

L'inflation s'est établie à 2,0 % en décembre, selon les données de Statistique Canada.

M. Poloz a affirmé que la banque centrale continuerait probablement à relever ses taux une fois que l'économie reprendrait son élan après le ralentissement attribuable, en grande partie, à la faiblesse des prix du pétrole à la fin de l'année dernière.

La prochaine annonce de la banque centrale sur son taux directeur est prévue pour le 6 mars. De nombreux observateurs s'attendent cependant à ce que le gouverneur laisse le taux de référence inchangé d'ici les derniers mois de l'année.

Dans son discours de jeudi, le gouverneur a présenté à l'auditoire l'efficacité et les limites du principal outil de la banque, le principal objectif en matière de taux d'intérêt.

Il a donné un exemple de ce qui se serait probablement passé si la banque n'avait pas introduit cinq augmentations d'un quart de point pour porter le taux directeur à 1,75 %.

« D'après nos modèles, si nous avions maintenu le taux directeur à 0,5 % depuis la mi-2015, la croissance économique aurait été plus forte, ce qui n'a rien de surprenant », a précisé M. Poloz.

« Le niveau du produit intérieur brut (PIB) serait d'environ 2 % plus élevé que maintenant. »

Toutefois, a-t-il ajouté, même si une telle augmentation peut sembler bonne, elle aurait poussé l'inflation dans le haut de la fourchette d'inflation de la banque, et probablement même au-dessus.

La banque aurait alors été obligée de relever les taux « vigoureusement » pour ramener l'inflation à son objectif au cours des deux prochaines années, a souligné M. Poloz.

Avec des taux plus bas sur une plus longue période, il a ajouté que chaque Canadien aurait probablement accumulé environ 2000 $ de plus en dette supplémentaire.