Ce lundi 1er octobre, l'Alberta deviendra la première province canadienne à hausser son salaire minimum au fameux seuil de 15 $ l'heure, alors que le Québec est toujours loin derrière, à 12 $ l'heure.

Et le gouvernement de l'Ontario a fait savoir, mercredi dernier, qu'il maintiendrait son salaire minimum à 14 $ l'heure. Il annule ainsi la hausse à 15 $ l'heure que le précédent gouvernement avait déjà planifiée.

Au Québec, ceux qui défendent les non-syndiqués et les travailleurs à bas salaire pressent le gouvernement d'accélérer le pas, voyant l'Alberta qui pave la voie.

« Il faudrait que ça aille plus vite que ça. Parce qu'à 12 $ l'heure, c'est pas une cachette : il n'y a personne qui peut vivre dignement et décemment au Québec, en 2018, avec ce genre de salaire-là. Donc, l'Alberta fait un grand pas et on souhaite que le Québec aille le plus rapidement possible vers ce 15 $ l'heure-là », s'est exclamé le président de la FTQ, Daniel Boyer, au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne.

Le président de la plus grande centrale syndicale du Québec, avec plus de 600 000 membres, croit que le contexte est encore plus propice, puisqu'on est en pénurie de main-d'oeuvre.

« On crée des emplois et on n'a pas suffisamment de main-d'oeuvre pour combler les emplois. Donc arrêtons de nous faire croire que ça va avoir des effets dramatiques sur l'emploi, sur l'inflation. On a des données tout à fait contraires », a-t-il lancé.

Effectivement, les dernières données démontrent que même après avoir haussé considérablement le taux du salaire minimum à 14 $ l'heure, l'Ontario a vu l'emploi croître de 14 000 par mois, en moyenne, depuis le début de l'année, soit la plus forte croissance depuis 2010. Et même 39 % des emplois créés au Canada en 2018 l'ont été en Ontario.

De son côté, le gouvernement de l'Alberta a indiqué avoir haussé son salaire minimum à 15 $ « pour réduire la pauvreté » et diminuer le fardeau sur les programmes sociaux de la province. De plus, une telle hausse va permettre d'« améliorer la qualité de vie de personnes vulnérables ».

En Alberta, 254 00 personnes, soit 11 % des travailleurs, gagnent moins de 15 $ l'heure.

Les non-syndiqués

« On est déçu que l'Ontario recule. Ça aurait été le fun que le Québec soit la première province à le faire, mais on espère qu'on va suivre rapidement pour atteindre ce 15 $-là », a opiné Mélanie Gauvin, porte-parole du Front de défense des non-syndiqués, au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne.

En campagne électorale, seuls Québec solidaire et le Parti québécois ont pris l'engagement de hausser le salaire minimum à 15 $. QS se dit prêt à le faire dès le 1er mai 2019 et le PQ progressivement durant un premier mandat. Le PLQ veut toujours viser 50 % du salaire moyen, alors que la CAQ croit qu'une hausse du salaire minimum à 15 $ n'est pas la bonne solution.

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui représente des petites et moyennes entreprises, a déjà dit craindre de telles hausses, qui s'ajoutent à la hausse d'autres frais et taxes sur la masse salariale. Et les PME ont souvent peu de marge de manoeuvre pour absorber de telles hausses.