Encore jusqu'à la fin de septembre ? C'est le nouvel échéancier ébruité ces derniers jours à Washington à propos des négociations entre le Canada et les États-Unis pour une entente sur le renouvellement - ou non - de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Mais pour les investisseurs sur la Bourse canadienne, ça signifie la prolongation d'un mauvais joug sur l'économie du Canada qui pèse de plus en plus lourd sur l'attrait et le rendement des actions canadiennes sur la planète boursière.

Et particulièrement face à la Bourse américaine, qui demeure chauffée à bloc par la croissance forte de l'économie et la surperformance boursière de quelques entreprises-vedettes des technologies de l'internet et des télécommunications personnelles.

« Le sort des négociations de l'ALENA est clairement le plus gros problème pour le marché boursier canadien et la Banque du Canada [décision de taux d'intérêt] en ce moment. La date limite apparente de fin du mois maintiendra tout le monde aux aguets, car il y a beaucoup de risques en jeu [pour l'économie et la Bourse canadiennes], même si la plupart des intervenants des marchés attendent toujours un accord », indiquait Benjamin Reitzes, économiste et stratégiste des marchés financiers et des devises à la Banque de Montréal (BMO), dans une note à ses clients jeudi dernier.

Constat semblable du côté des économistes de la Banque Nationale dans leur Mensuel boursier de septembre, publié il y a quelques jours.

« L'indice S&P/TSX a tout juste réussi à ne pas sombrer en 2018, notent-ils. En attendant que la question de l'ALENA soit résolue, il est difficile d'envisager une forte tendance à la hausse de l'indice S & P/TSX, même si sa valorisation [multiple cours/bénéfice] est maintenant inférieure à sa moyenne historique pour la première fois en plus de deux ans. »

Les économistes de la Nationale soulignent d'ailleurs que les perspectives des prochains résultats d'entreprises au Canada demeurent favorables.

« Le consensus des analystes boursiers prévoit une croissance des bénéfices de 12,9 % sur les 12 prochains mois. Cependant, cette prévision ne tient pas compte d'un possible imbroglio commercial dans un secteur critique de l'économie. »

Au Mouvement Desjardins, dans une analyse sur la bonne tenue des bénéfices des entreprises canadiennes, l'économiste Benoit Durocher accroche aussi un bémol concernant les menaces de tarifs douaniers américains contre les exportations canadiennes.

« Les incertitudes demeurent importantes avec les négociations commerciales entre le Canada et les États-Unis, qui pourraient s'envenimer davantage. Cela pourrait se traduire par l'introduction de nouveaux tarifs douaniers qui augmenteraient les coûts de nombreuses entreprises. » - Benoit Durocher, économiste au Mouvement Desjardins

Par ailleurs, il n'y a pas que les investisseurs boursiers canadiens qui s'inquiètent des conséquences du sort douteux de l'ALENA sur l'économie nationale et les prochains résultats des entreprises les plus influentes à la Bourse de Toronto.

Les investisseurs étrangers s'en préoccupent de plus en plus aussi, au point de réduire leurs nouveaux placements sur la Bourse canadienne, ces derniers mois, à leur plus bas niveau en cinq ans.

Dans ce contexte, quelles perspectives pour les investisseurs en actions canadiennes ? Et pour la valeur du dollar canadien sur le marché des devises ?

« Nous comptons sur un reflux de la vague protectionniste après les élections de mi-mandat de novembre aux États-Unis. Le cas échéant, les perspectives de la croissance mondiale s'amélioreront. Les prix des matières premières, dont les difficultés cette année ont coïncidé avec l'imposition de tarifs douaniers par les États-Unis, rebondiraient alors et entraîneraient dans leur sillage les monnaies sensibles aux matières premières comme le dollar canadien », écrivent les économistes de la Banque Nationale dans leur plus récent billet de conjoncture publié vendredi.