Les gigantesques efforts de reconstruction qui seront déployés à Fort McMurray alimenteront la croissance économique de l'Alberta, durement éprouvée par la chute des prix du pétrole - même si les sociétés d'assurance et les gouvernements devront payer une note salée de plus de 5 milliards.

Dans une analyse présentée mardi, le Conference Board du Canada estime que les efforts de reconstruction ajouteront 0,4 %, soit 1,1 milliard, au produit intérieur brut de l'Alberta l'an prochain, puis 0,2 % et 0,1 % en 2018 et en 2019 respectivement.

L'activité de reconstruction nécessaire pour rebâtir près de 2000 habitations et entreprises détruites par les flammes en mai devrait en outre créer environ 9000 emplois l'an prochain et abaisser de 0,1 point de pourcentage le taux de chômage de la province.

Le rapport du groupe de recherche conclut que la reprise économique attribuable aux dépenses liées à l'incendie sera plus que contrebalancée par la production perdue des sables bitumineux. Les producteurs de la région ont dû interrompre leurs activités pendant que les flammes faisaient rage, ce qui devrait amputer 0,1 %, ou 456 millions, du produit intérieur brut de l'Alberta cette année.

Le Conference Board a cependant précisé que même si l'augmentation des dépenses dans les années à venir stimulerait le produit intérieur brut, il n'y aura pas de bénéfice d'ensemble net au désastre.

«Le vrai coût de cette tragédie est son impact sur la vie des gens - la perte d'articles personnels, d'habitations et de moyens de subsistance», a souligné le groupe.

«Même si la reconstruction et le remplacement d'actifs perdus générera de l'activité économique, cela ne suggère pas que les Canadiens en général, ou les Albertains en particulier, s'en trouveront mieux du point de vue économique.»

Le Conference Board a indiqué qu'environ 3,6 milliards des dépenses seraient couvertes par les indemnisations des assureurs, tandis que les gouvernements devront allonger environ 1,5 milliard en coûts de lutte contre les incendies, d'aide et de reconstruction.

Une autre somme de 200 millions provenait de paiements préliminaires du gouvernement de l'Alberta, de la Croix-Rouge canadienne et des sociétés de sables bitumineux pour répondre aux besoins immédiats des ménages, ce qui porte l'estimation du coût total des incendies à 5,3 milliards d'ici la fin de 2019.

Lors des inondations de 2013 en Alberta, les gouvernements provincial et fédéral avaient dû payer environ 3 milliards. Les assureurs avaient été moins touchés, avec des dépenses de 1,8 milliard, puisque leurs protections ne couvrent généralement pas les inondations.

Même si les gouvernements verront grimper les revenus de l'impôt des particuliers et des taxes de vente, les revenus d'impôts des entreprises des trois prochaines années seront plus faibles que ne l'avait prévu le Conference Board avant l'incendie, en raison de la perte de revenus des pétrolières.

En plus de forcer près de 90 000 résidants à évacuer la région de Fort McMurray, l'incendie a privé les grands producteurs de sables bitumineux d'une production de 47 millions de barils et d'environ 1,4 milliard en revenus potentiels.

Selon le Conference Board, la perte de production pétrolière de cette année privera l'Alberta de 25 millions $ en redevances et réduira ses revenus d'impôts des entreprises de 58 millions de 2016 à 2019. L'augmentation des impôts des particuliers et des taxes indirectes devrait pour sa part se chiffrer à 41 millions dans l'ensemble, ce qui devrait contrebalancer une partie des pertes.