Justin Trudeau met de l'avant le besoin de dépenses fédérales accrues pour aider l'économie, au moment même où des experts partagent leurs prévisions à la baisse avec le gouvernement fédéral.

Le premier ministre affirme que les difficultés économiques du pays signifient qu'il est plus important que jamais pour le gouvernement libéral de dépenser sur des projets générateurs de croissance tels que les infrastructures.

Les commentaires de M. Trudeau ont été livrés, vendredi, à Toronto, peu après qu'un groupe d'économistes du secteur privé eurent relayé leurs prévisions à la baisse au ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, dans une rencontre à quelques kilomètres de là.

L'économiste en chef du Conference Board du Canada, Glen Hodgson, a dit avoir fait état à M. Morneau d'une prévision de croissance pour 2016 de seulement 1,7% - l'une des prédictions les plus optimistes exprimées dans la salle.

Depuis plusieurs décennies, les ministres fédéraux des Finances ont utilisé une moyenne des prévisions des économistes du secteur privé comme base de leur programme fiscal. Ces projections peuvent être un indicateur important de la marge de manoeuvre des gouvernements pour dépenser.

Le gouvernement libéral a toujours dit qu'il afficherait des déficits dans les prochaines années avec l'objectif de dépenser des milliards de dollars sur des mesures de stimulation telles que les projets d'infrastructure, qui, selon Ottawa, créeront des emplois et contribueront à faire revivre l'économie.

M. Trudeau a aussi mis de l'avant d'autres mesures libérales qui aideront l'économie, selon lui, telles que l'augmentation des prestations pour enfants et un certain allègement de l'impôt sur le revenu pour la classe moyenne couplé à une hausse des taux d'imposition pour les plus riches.

M. Trudeau a fait valoir que les Canadiens avaient voté pour le programme libéral plutôt que pour les plateformes présentées par les conservateurs et les néo-démocrates, prônant toutes deux la nécessité d'équilibrer le budget à tout prix.

« Nous avons dit "Non, nous devons investir à tout prix"», a illustré M. Trudeau.

M. Morneau fait face à des pressions sur plusieurs fronts alors qu'il prépare son premier budget, attendu à la fin mars. Son ministère avait consulté précédemment les économistes du secteur privé en vue de la mise à jour fiscale de novembre.

À ce moment, la moyenne des projections 2016 du produit intérieur brut réel du Canada était à deux pour cent et celle pour le prix du pétrole - ayant un impact important sur les finances du gouvernement - à 54 $ US le baril.

Vendredi, M. Hodgson a dit à M. Morneau que la projection de croissance du Conference Board pour le PIB réel était à 1,7% pour 2016, tandis que la projection moyenne pour le pétrole serait à environ 38 $ US.

«La situation de l'économie n'est pas aussi bonne qu'au moment où les libéraux ont été élus», a affirmé M. Hodgson, qui a également souligné que les conditions économiques mondiales fragiles avaient créé un «environnement très turbulent» pour la planification budgétaire.

Tout de même, M. Hodgson, comme d'autres experts, soutient aussi que les investissements en infrastructure représentent l'une des meilleures manières de stimuler l'économie.