L'industrie porcine québécoise se réjouit de l'annonce faite hier par le gouvernement fédéral, lequel entend resserrer la surveillance aux frontières pour se prémunir contre une grave maladie qui s'attaque aux élevages de porcs.

Ottawa a annoncé hier sa décision de presque tripler le nombre de chiens dépisteurs dans les aéroports et aux points d'entrée au pays. Le gouvernement, inquiet devant la propagation de la peste porcine africaine (PPA) dans le monde, va injecter 31 millions.

« Son entrée en territoire canadien pourrait avoir des répercussions économiques dévastatrices sur notre industrie du porc », a dit hier la ministre canadienne de l'Agriculture, Marie-Claude Bibeau.

La PPA fait des ravages en Europe et en Asie. En Chine seulement, au moins 1 million de porcs infectés ont été abattus. Si la maladie ne cesse de s'étendre sur le globe, l'Amérique du Nord est pour l'instant épargnée. Mais personne ne sait pour combien de temps encore.

Les voyageurs ciblés

Le gouvernement fédéral veut donc faire passer le nombre de chiens dépisteurs spécialisés en viande de 15 à 39. Dans sa ligne de mire : les voyageurs qui importent illégalement de la viande. « Des gens qui seraient pris en faute pourraient recevoir une amende jusqu'à 1300 $ », a rappelé la ministre de l'Agriculture.

Le Canada va également accueillir un Sommet mondial sur la peste porcine africaine du 30 avril au 1er mai, à Ottawa.

« On est très contents pour ce qui est de l'augmentation des chiens, ça fait longtemps qu'on l'a demandé », explique René Roy, administrateur des Éleveurs de porcs du Québec et deuxième vice-président du Conseil canadien du porc.

« L'arrivée de cette maladie au Canada aurait des impacts énormes et on est contents de voir que le gouvernement prend ça très au sérieux. »

La peste porcine africaine n'a aucun effet sur les humains. Mais la maladie cause des hémorragies chez les cochons et est mortelle. Il n'y a ni vaccin ni traitement et le virus se propage rapidement aux bêtes.

« Le risque le plus important de propagation du virus, c'est l'être humain », a récemment expliqué à La Presse Martin Pelletier, directeur général de l'Équipe québécoise de santé porcine.

L'une des craintes des autorités est que la maladie soit introduite au pays par des voyageurs qui rapportent des produits du porc. En octobre dernier par exemple, les autorités japonaises ont annoncé la découverte du virus dans un paquet de saucisses en provenance de la Chine.

Production exportée à 70 %

L'arrivée de ce virus à déclaration obligatoire aurait des conséquences énormes sur l'industrie québécoise du porc, la plus importante au pays. Les producteurs ne pourraient plus exporter leur viande pendant des mois. Or, 70 % de la production québécoise est destinée à l'exportation.

Ottawa refuse pour l'instant d'accéder à une demande des Éleveurs de porcs du Québec. Ceux-ci réclament la régionalisation de la production. En termes clairs, ils veulent que la production porcine du pays soit séparée en deux, entre l'Est et l'Ouest.

De cette manière, si le virus entrait dans l'Ouest, les producteurs de porcs de l'Est pourraient continuer à exporter, et vice-versa. La ministre Bibeau a laissé entendre que cette solution était envisagée, mais demandait de longues négociations avec les partenaires commerciaux.