Des producteurs laitiers de tout le Canada ont exhorté le gouvernement Trudeau à ne pas sacrifier leur industrie dans le cadre des négociations de l'ALENA, qui entrent dans une phase critique.

Réunis à quelques coins de rue du Parlement d'Ottawa, mercredi matin, les agriculteurs ont laissé miroiter d'importantes pertes financières et suppressions d'emploi si Ottawa ouvre le marché canadien à davantage d'exportations américaines.

« Nous sommes encore utilisés comme monnaie d'échange dans le cadre de négociations commerciales », a dénoncé Pierre Lampron, président des Producteurs laitiers du Canada, en conférence de presse.

Question centrale

Même si les produits laitiers représentent moins de 1% du commerce entre le Canada et les États-Unis, cette question est devenue centrale dans la présente renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Le président Donald Trump s'est attaqué à de nombreuses reprises aux « tarifs de 300% » imposés par le Canada aux produits laitiers américains.

Le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à défendre le système canadien de gestion de l'offre, mais plusieurs analystes s'attendent à ce que le Canada soit obligé de faire des concessions dans le secteur laitier.

Des précédents

Les producteurs laitiers du Canada estiment avoir déjà fait les frais des deux plus récents accords de libre-échange négociés par le Canada, avec l'Europe et l'Asie, qui ont permis une certaine ouverture du marché canadien aux importations.

Ces deux accords se sont traduits par de pertes de 250 millions chaque année au Canada, affirment les producteurs.

« À chaque fois qu'il y a un accord, on y perd un peu », a déploré le fermier manitobain David Wiens.

Il rappelle que le Canada a cédé 3% de son marché dans le cadre du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et  1,5% dans le cadre de l'Accord économique et commercial global (AECG) conclu avec l'Europe.

L'accès au marché canadien permis par ces deux accords représente davantage que toute la production laitière du Manitoba, a affirmé M. Wiens.

« Ces concessions s'additionnent. Aujourd'hui, les Canadiens ont accès à plus de produits importés que les Américains. »

Appui à Trudeau

Les producteurs laitiers réunis mercredi à Ottawa ont dit vouloir témoigner leur fort soutien au gouvernement de Justin Trudeau dans le cadre des négociations de l'ALENA.

Ils martèlent que le véritable problème de l'industrie laitière américaine n'est pas l'accès au marché canadien, mais bien la surproduction de lait aux États-Unis, qui fait baisser les prix.

La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland est arrivée mardi soir à Washington pour prendre part à une nouvelle ronde de discussions de haut niveau qui s'amorcent ce mercredi.

La pression se fait de plus en plus forte pour conclure une entente avec Washington avant la fin du mois. Les États-Unis et le Mexique ont signé une entente provisoire il y a trois semaines.