Une saison de production record s'achève dans les érablières québécoises.

Et l'ajout de deux à trois millions d'entailles attendu d'ici l'an prochain augure d'un cycle de prospérité dans l'industrie acéricole. Pour les producteurs et les distributeurs de produits de l'érable, d'une part. Mais aussi pour leurs équipementiers spécialisés comme Dominion & Grimm, de Montréal.

Le groupe emploie 176 personnes réparties dans trois usines (Anjou, Victoriaville et Thetford Mines) et exploite un réseau d'ateliers-distributeurs dans l'est du Canada et dans les États frontaliers américains, qui tournent à plein régime.

« Ce printemps, on a dû répondre à un nombre sans précédent de commandes de producteurs de sirop qui ont été pris de court par l'abondance des coulées de sève d'érable. Ils avaient un besoin urgent de réservoirs de sève et de barils d'acier inoxydable pour le sirop », relate Vincent Pépin, directeur de la production chez Dominion & Grimm (D & G), lors d'une récente visite de La Presse Affaires.

« Et pour la prochaine année, notre carnet de commandes se remplit rapidement pour des équipements plus complexes que nous devrons fabriquer et installer d'ici le printemps 2017, à temps pour la prochaine saison. »

En visitant l'usine principale de D & G à Anjou, on constate rapidement que les équipements de production de sirop d'érable, qui font sa renommée dans l'industrie acéricole, n'ont guère à voir avec l'image un peu folklorique de la grosse bouilloire à sève d'érable chauffée au bois - l'évaporateur, dans le jargon acéricole - dont les vapeurs enveloppent toute la « cabane à sucre ».

« Ce procédé est encore très recherché parmi les petits producteurs de sirop d'érable à des fins récréatives ou familiales, et qui constituent une part non négligeable de notre clientèle », explique Vincent Pépin.

« Mais pour les producteurs qui exploitent des érablières de plusieurs milliers d'entailles à des fins commerciales, les équipements plus sophistiqués qui réduisent les coûts de production [énergie, main-d'oeuvre] tout en facilitant le contrôle de la quantité et de la qualité de production sont devenus incontournables. »

Le directeur de D & G fait état des systèmes de récolte de l'eau d'érable par des tubulures à légère succion, dont les plus sophistiqués peuvent désormais être surveillés à distance par télémétrie informatique.

Par ailleurs, les systèmes de concentration de la sève d'érable par procédé d'osmose inverse - réduction à cinq pour un de la sève à bouillir pour chaque gallon de sirop - qui n'étaient naguère accessibles qu'aux grosses érablières sont maintenant disponibles en divers gabarits.

Ça comprend de petits systèmes à contrôle manuel qui traitent 50 gallons de sève à l'heure jusqu'aux gros systèmes automatisés d'une capacité de 9000 gallons à l'heure. [NDLR : le secteur acéricole fonctionne encore aux mesures impériales plutôt que métriques.]

Du côté des évaporateurs, les modèles les plus sophistiqués fabriqués par D & G intègrent des technologies de grande efficacité énergétique : récupération de chaleur des vapeurs de cuisson et des gaz de combustion, combustibles variés selon la disponibilité et les coûts d'approvisionnement locaux.

CLIENTÈLE VARIÉE

Même s'ils font la fierté de D & G dans l'industrie acéricole, de tels équipements très sophistiqués ne concernent qu'une partie de sa clientèle, explique Vincent Pépin.

En fait, dit-il, la majeure partie des érablières sont de taille intermédiaire (quelques milliers d'entailles), sans compter le nombre grandissant de producteurs de sirop d'érable comme passe-temps saisonnier.

La clientèle variée de D & G est située surtout au Québec - 70 % des affaires -, mais de plus en plus dans les provinces voisines (Ontario, Nouveau-Brunswick) et les États frontaliers (New York, Vermont, Maine).

Pour les desservir, D & G a développé et maintient un vaste catalogue d'équipements d'érablières de tailles variées, ainsi que de nombreux outils de production et d'emballage des produits de l'érable.

Cette activité de distribution compte pour la moitié des affaires de D & G, alors que la fabrication et la livraison des équipements sophistiqués compte pour l'autre moitié.

Mais c'est dans ses activités d'équipementier que D & G voit poindre un bond des commandes. « Nous fonctionnons surtout comme concepteur de systèmes et intégrateur de composants qui nous proviennent de fournisseurs spécialisés », explique Vincent Pépin.

« Ces temps-ci, par exemple, nous constatons le début d'un cycle d'expansion qui pourrait durer trois ou quatre ans. Mais nous savons aussi d'expérience que ce cycle peut s'atténuer par la suite, pendant des années. »

DIVERSIFICATION

C'est dans ce contexte aussi que D & G a entrepris depuis quelques années de diversifier les débouchés pour son savoir-faire technique vers les équipements de production de biogaz à partir de résidus organiques. C'est ce que l'on désigne comme la biométhanisation dans le milieu environnemental.

« Nous nous sommes intéressés à ce nouveau marché, notamment que cette fabrication d'équipements de biométhanisation requiert des compétences techniques que nous avions déjà », souligne Vincent Pépin.

Jusqu'à maintenant, c'est lors de projets municipaux à Beloeil et à Saint-Hyacinthe que D & G a réalisé ses premiers contrats millionnaires comme équipementier en biogaz.

Mais pour la suite, Vincent Pépin dit miser sur l'intérêt grandissant des agriculteurs animaliers (bovins, volaille, porcs) pour s'équiper en biométhanisation comme un moyen de recycler leurs surplus de lisiers en produisant du combustible de génératrice (biogaz méthane) afin de réduire leur facture d'électricité.

« Ça se répand de plus en plus dans les régions agricoles en Europe, avec les avantages environnementaux et énergétiques qui viennent avec, relate Vincent Pépin. Pourquoi pas au Québec ? Surtout dans les régions où il y a déjà de gros surplus de fumier et des fermes d'élevage. »

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Selon Vincent Pépin, directeur chez Dominion & Grimm, des équipements sophistiqués comme ce concentrateur de sève commandé par ordinateur font partie des outils devenus indispensables chez les gros producteurs de sirop d'érable.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Le savoir-faire technique de Dominion & Grimm repose sur la conception et l'assemblage d'équipements avec des matériaux variés (acier inoxydable, aluminium, plastiques) et des composants spécialisés (plomberie et pompes de précision, circuits électriques et contrôleurs électroniques).

DOMINION & GRIMM EN BREF

ACTIVITÉS

concepteur, fabricant et distributeur d'équipements lourds et légers pour la production acéricole (érablières), équipementier en biogaz

SIÈGE SOCIAL

Montréal (quartier Anjou)

EFFECTIF

176 employés

CHIFFRE D'AFFAIRES

plus de 25 millions*

PRINCIPAUX DIRIGEANTS

Vincent et Stéphane Pépin (fils du président retraité Marcel Pépin)

DATE DE FONDATION

1953 (fusion des firmes concurrentes Évaporateurs Dominion et Grimm Co.)

* Selon le Répertoire des fabricants et distributeurs du Québec du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ)

________________________________________

> Apprenez-en davantage sur la gamme d'équipements et d'outils acéricoles proposée par Dominion & Grimm

> Visionnez une vidéo explicative sur les évaporateurs d'eau d'érable de technologie avancée proposés par Dominion & Grimm