Il y a peut-être une seule bonne raison de ne pas choisir la Grèce pour les vacances cette année : la planète au complet risque de s’y retrouver.

Les touristes reviennent en force dans le pays après l’hiatus causé par la pandémie. En 2022, la Grèce a accueilli 27,8 millions de touristes. Elle devrait en recevoir encore plus cette année et dépasser le record de 31 millions de visiteurs établi en 2019. Le pays compte 10 millions d’habitants.

C’est une bonne nouvelle pour l’économie du pays, où le tourisme compte pour 20 % du produit intérieur brut (PIB). Et ce n’est pas la seule. Après avoir frôlé la faillite, la Grèce a repris le chemin de la croissance, à un rythme accéléré.

On aurait tort de parler de « miracle grec ». Cette renaissance n’a rien de miraculeux. Elle a plutôt été pénible pour la population, qui a payé pour l’insouciance de ses dirigeants. En 2008, la Grèce s’est retrouvée en défaut de paiement sur une dette qui n’avait cessé de croître depuis l’entrée du pays dans l’union monétaire européenne. Le Fonds monétaire international et les autres pays européens sont venus à sa rescousse, mais en imposant des restrictions de dépenses qui ont été jugées inacceptables par le gouvernement grec. La population a même rejeté majoritairement un plan d’aide européen lors d’un référendum, ce qui a failli provoquer l’éclatement de la zone euro.

Acculé au mur, le pays a fini par se plier aux exigences de ses créditeurs. Une décennie de misère s’en est suivie. Durant cette période, les Grecs se sont appauvris, le taux de chômage a explosé et les jeunes ont fui le pays par milliers.

Jusqu’en 2022, le gouvernement était sous surveillance de la Commission européenne, qui voulait s’assurer que les réformes imposées étaient mises en place et donnaient les résultats escomptés.

Un sauvetage réussi ?

Le sauvetage du pays et de l’Union européenne a été douloureux et a coûté cher, soit autour de 300 milliards d’euros. Mais il semble avoir réussi, du moins en bonne partie. La Grèce n’a pas réglé tous ses problèmes. Le taux de chômage a baissé ; à 11 %, il n’est plus le plus élevé de la zone euro. Mais l’inflation élevée fait très mal. Et le pays a encore besoin du soutien des emprunts à taux très bas qui lui ont été consentis par ses créanciers.

La Grèce reste le pays le plus endetté d’Europe, mais sa dette publique est passée de 195 % du PIB à 171 % du PIB depuis un an, une réduction rapide qui étonne tous les observateurs.

Le pays a connu une des croissances économiques les plus fortes d’Europe l’an dernier et devrait faire mieux que la moyenne des pays membres cette année encore et l’an prochain. Le tourisme y est pour quelque chose, comme l’augmentation de l’investissement public et privé et une meilleure gestion des finances publiques.

Le pays est sur le point de revenir dans la ligne de mire des grands investisseurs internationaux. Sa cote de crédit, tombée au plus bas dans la foulée de la crise de la dette, a remonté graduellement. Elle est sur le point de franchir le pas entre la catégorie « spéculative » et la catégorie « investissement », la plus élevée accordée par les grandes firmes de notation⁠1.

Maintenant libérée de la tutelle de ses créanciers, la Grèce pourrait relâcher la discipline fiscale et la gouvernance serrée dont elle a dû faire preuve pour se sortir du trou. Il semble toutefois que la crise ait laissé des traces. Le pays vient de réélire majoritairement le gouvernement conservateur qui se targue d’avoir remis l’économie dans le droit chemin.

1. Lisez un article de Goldman Sachs (en anglais)