(Washington) La menace d’un défaut de paiement des États-Unis est montée d’un cran vendredi, après une « pause » dans les négociations sur la plafond de la dette entre la Maison-Blanche et l’opposition républicaine, en raison de profonds désaccords.

« Nous devons faire une pause », a lancé le chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy, répondant à des journalistes au Congrès.

Vendredi, il a quitté la table des négociations avec les représentants républicains Garret Graves et Patrick McHenry. Et ils n’ont pas l’intention de revenir, selon Punchbowl News, une infolettre d’actualité politique.

« Les différences sont grandes sur beaucoup de sujets », a déploré Patrick McHenry, cité par le site NewsNation.

Quelques instants plus tôt, c’était la Maison-Blanche qui avait reconnu buter sur de « réelles différences » avec l’opposition républicaine et indiqué que les discussions étaient « difficiles ».

Les négociations se déroulent en l’absence du président Joe Biden, qui est au Japon pour la réunion du G7, et doit rentrer dimanche.

L’optimisme des derniers jours semble avoir fait long feu, alors qu’administration démocrate et opposition républicaine sont engagées dans une course contre la montre pour éviter un défaut de paiement des États-Unis.

PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy

Cela pourrait se produire à partir du 1er juin, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour l’économie américaine, et même mondiale.  

Mais les républicains réclament des coupes budgétaires avant de donner un feu vert au relèvement du plafond de la dette.

Le point de friction : la demande des républicains de réduire les dépenses fédérales, pour les ramener aux niveaux de 2022. C’est-à-dire couper 130 milliards de dollars de dépenses.

« On ne peut pas dépenser davantage d’argent l’année prochaine », a affirmé Kevin McCarthy.

Une ligne rouge que les démocrates refusent de franchir.

L’administration Biden a de son côté fait pression pour prolonger le plafond d’emprunt jusqu’en 2025, selon les médias américains qui citent des responsables impliqués dans les pourparlers.

Les démocrates veulent croire qu’un accord reste possible si les deux parties acceptent de ne pas obtenir satisfaction sur l’ensemble des demandes, selon une source proche des discussions.

« Le temps presse »

Et, de nouveau, les deux camps se rejettent mutuellement de la responsabilité.

« Il est plus que temps que la Maison-Blanche devienne sérieuse. Le temps presse », a tweeté Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine du Sénat, accusant Joe Biden d’avoir attendu des mois avant d’accepter de négocier avec Kevin McCarthy.

Les démocrates du Congrès, de leur côté, expriment une inquiétude croissante face aux revendications des républicains, qui veulent imposer des exigences de travail plus strictes aux bénéficiaires de certaines prestations sociales.

« Les républicains menacent de faire chuter notre économie à moins que nous ne réduisions l’assurance-maladie, que nous expulsions des milliers de personnes de leurs logements sociaux et que nous mettions au chômage près d’UN MILLION d’Américains », a déploré l’élue démocrate Nanette Barragan, dans un tweet.

Et d’ajouter que « leur plan fait passer la politique avant les êtres humains ».

À Wall Street, le marché boursier qui était confiant vendredi en matinée après les commentaires optimistes de la veille, a viré au rouge en milieu de séance. L’indice Dow Jones a terminé la journée en baisse de 0,33 %, et le NASDAQ de 0,24 %.

Le président Joe Biden doit revenir du Japon dimanche à Washington. Il avait exprimé jeudi son espoir de boucler un accord de principe avec l’opposition républicaine.

Kevin McCarthy avait exprimé son optimisme quant à la possibilité de présenter un projet de loi d’ici la semaine prochaine, mais il avait indiqué qu’il faudrait un accord de principe d’ici dimanche ou lundi.

Les républicains de la Chambre des représentants avaient voté le 26 avril un projet de loi prévoyant une baisse sans précédent des dépenses publiques en échange d’une suspension du plafond d’endettement jusqu’à fin mars 2024, ouvrant la voie à une autre crise de la dette en pleine campagne électorale présidentielle.