Les chantiers ne dérougiront pas en 2023, prédit la Commission de la construction du Québec, qui a publié jeudi ses prévisions annuelles.

L’organisme paritaire qui encadre l’industrie de la construction estime que le nombre d’heures travaillées dépassera les 200 millions l’an prochain pour la seconde année consécutive. Ce nombre représente un repli de 4 % par rapport aux 210 millions d’heures compilées en 2022, un sommet de tous les temps.

Bref, 2023 se situera au deuxième rang des meilleures années de l’histoire.

On aurait pu s’attendre à bien pire à cause de la montée fulgurante des taux d’intérêt de 400 points centésimaux depuis le printemps et de la récession, qui paraît inévitable en 2023, selon Desjardins.

« La raison est que les principaux chantiers ont pris du retard en raison du manque de main-d’œuvre et des retards de livraison des matériaux », explique Mélanie Ferland, économiste de la CCQ, dans un entretien. Les maisons des aînés, par exemple, se termineront en 2023.

L’augmentation des coûts de financement se fera sentir progressivement sur les 18 prochains mois, ajoute-t-elle.

Baisse de 7 % des mises en chantier en 2023

Si on s’attarde aux prévisions par secteurs de l’industrie, le secteur industriel restera stable à 12 millions d’heures. On sait que les locaux disponibles demeurent très rares, une situation qui favorise la construction neuve.

Le secteur institutionnel et commercial perdra 3 % de ses heures l’an prochain, à 114,5 millions d’heures.

De loin le plus important de l’industrie, ce secteur recoupe les chantiers gouvernementaux et paragouvernementaux : hôpitaux, écoles et maisons des aînés.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Une maison des aînés en construction à Châteauguay

« Les investissements publics prévus demeurent en hausse l’an prochain limitant le recul du secteur », note la CCQ dans le document Perspectives.

Note discordante, le sous-secteur des tours de logements de plus de six étages connaîtra un ralentissement en raison de la hausse des taux d’intérêt.

Avec la fin du mégachantier de La Romaine, le secteur du génie civil et de la voirie cédera 5 % de ses heures, à 36,5 millions d’heures. Le début du prolongement de la ligne bleue du métro en compensera une partie.

C’est le secteur résidentiel qui va souffrir le plus l’an prochain. La CCQ s’attend à une baisse des mises en chantier de 6,8 % à 55 000 unités. Le nombre d’heures travaillées connaîtra une réduction du même ordre de grandeur, à 39 millions d’heures.

Sur le plan régional, quatre régions vivront un sursaut d’activités. Il s’agit de la Baie-James avec certains chantiers institutionnels en territoire cri, le Bas-Saint-Laurent–Gaspésie profite de la construction de l’usine de pales éoliennes LM Wind Power.

En Estrie, c’est l’usine de pâtes de Kruger à Bromptonville qui occupera les travailleurs, tandis qu’en Mauricie–Bois-Francs, ce sont les travaux d’agrandissement d’une usine de transformation de luzerne par Virentia-Premier Tech qui retiennent l’attention.