La province continuera d’attirer les regards et les dollars des multinationales l’an prochain, parole de Guy LeBlanc, grand patron d’Investissement Québec (IQ), le bras investisseur du gouvernement provincial. Le montant des investissements annoncés dans la filière batterie va doubler d’ici la fin de 2023, promet-il.

« Si l’année prochaine se passe comme prévu, on devrait être rendus à 10 milliards d’investissements fin 2023 », a dit Guy LeBlanc, président-directeur général d’Investissement Québec, dans un entretien.

Déjà que la cuvée 2022 a été un grand cru, puisque des multinationales étrangères comme BASF et GM-POSCO (fabrication de cathodes), puis Vale (sulfate de nickel) ont tour à tour annoncé des projets au Québec, plus précisément à Bécancour, dans le Centre-du-Québec.

« Ces usines vont devoir être prêtes d’ici 2025 à peu près, précise M. LeBlanc. Des travaux de construction vont s’amorcer en 2023. »

La stratégie du gouvernement Legault vise à attirer des projets à toutes les étapes de la filière batterie, soit l’extraction des ressources comme le graphite et le spodumène de lithium, la transformation de matière en composants de qualité batterie, la fabrication d’anodes et de cathodes (principaux éléments d’une batterie), l’assemblage de cellules et la fabrication des modules de batteries.

De l’exploration jusqu’au recyclage, Québec estime qu’il y a neuf étapes dans la chaîne des batteries.

Des projets ont été annoncés à presque toutes les étapes, sauf la fabrication de cellules à grande échelle.

« On a plus un problème de terrains disponibles que de joueurs établis avec lesquels on discute », a répondu M. LeBlanc à une question sur le retrait des celluliers Britishvolt et StromVolt, qui n’ont pas donné suite à leur projet au Québec.

Outre Bécancour, Shawinigan et le reste du Centre-du-Québec sont ciblés pour accueillir des projets. « Il y a des possibilités au Saguenay, puisqu’il y a un port en eau profonde et une source d’énergie importante, a-t-il indiqué. Il y a aussi des possibilités dans la région de Montréal. »

M. LeBlanc se réjouit d’avance des impacts positifs de ces investissements à venir sur la productivité au Québec.

Productivité des entreprises à la hausse

« Avec des projets structurants comme on a, avec, entre autres, la filière batterie et la transformation du minerai qui va se faire au Québec, c’est sûr que ça va faire augmenter nos chiffres de productivité de façon importante, et toutes ces entreprises vont être hautement automatisées et c’est vrai avec notre stratégie d’aluminium vert. Nos données vont aller en augmentant plus rapidement que dans l’ensemble du Canada. »

Sur cet enjeu de la productivité, M. LeBlanc avait de bons résultats à présenter concernant le programme Productivité innovation, deux ans après son lancement.

Depuis son lancement à l’automne 2020, en pleine pandémie, près de 4000 entreprises ont été accompagnées en vue de réaliser une transformation numérique ou une automatisation de leur production. Du lot, il en a résulté près de 700 projets d’investissement ayant nécessité des débours de 6 milliards, dont 2 milliards en provenance d’Investissement Québec sous forme de prêt.

L’enveloppe autorisée s’élève à 2,4 milliards, mais le patron d’IQ assure que l’argent ne manquera pas. « Il va avoir autant d’argent que nécessaire, car il en va de l’enrichissement collectif », a assuré Guy Leblanc.

Le programme Productivité innovation a pris la relève de l’initiative précédente Manufacturiers innovants, qui a elle-même laissé son empreinte au sein des usines.

De 2017 à 2020, le nombre de robots industriels est passé de 2841 à 4102 dans les entreprises québécoises, en hausse de 44 %, selon les chiffres d’une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) réalisée au cours de l’été 2022.

Toutes ces initiatives semblent porter leurs fruits, puisque la productivité au travail dans l’ensemble des entreprises a crû de 5,6 % entre 2018 et 2021, selon Statistique Canada. Le résultat se compare favorablement à l’Ontario (1,5 %) et au Canada (2,5 %).

Autre donnée d’intérêt, l’investissement privé non résidentiel marque une augmentation de plus de 20 % au Québec pour la période de 2018 à 2022, comparativement à 13 % au Canada.

Avec la collaboration de Julien Arsenault, La Presse

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    Nombre de robots requis en 2030 pour que le Québec rattrape la moyenne mondiale de 311 robots par tranche de 10 000 emplois
    source : IREC pour IQ