(Moscou) La production industrielle en Russie a poursuivi sa baisse en mai, après être passée dans le rouge en avril pour la première fois depuis le début du conflit en Ukraine, selon les chiffres publiés mercredi par l’agence statistique Rosstat.

En mai, la production industrielle – indicateur donnant la température de – a diminué de 1,7 % sur un an. Par rapport au mois d’avril 2022, elle a baissé de 1,9 %, après un début d’année très dynamique.

La production automobile a particulièrement souffert, affectée par le retrait du pays de nombre de marques étrangères et l’arrêt des livraisons de pièces détachées étrangères, forçant de nombreuses usines locales à s’arrêter.

La production de voitures a baissé en mai de 96,7 % sur un an, et de 81,3 % sur un mois.

Le secteur minier a également trinqué, avec une production de charbon en baisse de 4 % sur un an. L’Europe a notamment décidé d’un embargo sur le charbon russe à partir du mois d’août.

La production de pétrole et de gaz a, elle, baissé de 3 % sur un an.

Les États-Unis ont décrété un embargo sur le pétrole russe dès mars, bien qu’ils en soient de petits importateurs. L’Union européenne a quant à elle promis de réduire de 90 % ses importations de brut russe d’ici la fin de l’année.  

La production de vodka a par contre augmenté de 3,8 % en mai et celle de vins moelleux de 39,3 % sur un an.

La consommation aussi en baisse

La consommation en Russie a poursuivi sa baisse en mai, en diminuant de plus de 10 % sur un an, la population russe ayant été confrontée à une inflation record conjuguée à une pluie de sanctions laissant présager des baisses de revenus.

Les ventes de détail, mesure de la consommation, ont ainsi baissé de 10,1 % en mai sur un an, mais ont augmenté de 0,5 % sur un mois, selon les données de l’agence de statistiques Rosstat publiées mercredi.

L’inflation, qui a connu une hausse vertigineuse en Russie en avril jusqu’à battre un record de vingt ans, a commencé à reculer au mois de mai, atteignant 17,1 % sur un an.

La hausse des prix a déjà considérablement miné le pouvoir d’achat des Russes, qui ont peu d’épargne, et fait fondre de 9,7 % leur consommation en avril sur un an.

Fin mai, le président Vladimir Poutine avait lui assuré que l’inflation ne dépasserait pas 15 % d’ici fin 2022, tout en annonçant une hausse des retraites et des minima sociaux.

Le chômage a légèrement baissé, atteignant 3,9 % en mai sur un an contre 4,0 % un mois plus tôt.

La Russie a été frappée par plusieurs salves de sanctions occidentales après son intervention militaire en Ukraine lancée le 24 février, incluant des embargos sur des exportations clés qui ont accru l’inflation, déjà haute depuis la pandémie de COVID-19.

Les autorités se veulent rassurantes, promettant que les sanctions atteignent à peine l’économie, et prévoient qu’après une récession d’environ 8 % cette année, le pays devrait renouer avec la croissance dès 2024.

Des économistes estiment cependant que le pire est à venir dans les prochains mois, à mesure que l’impact des sanctions sera de plus en plus visible et qu’il se ressentira sur les revenus des Russes.