(Washington) Aucun des grands partenaires commerciaux des États-Unis – notamment la Chine – n’a manipulé l’an passé sa devise pour en tirer un avantage indu, estime le Trésor américain, qui a toutefois ajouté Taïwan et le Vietnam sur sa liste de pays sous surveillance.

Le rapport semi-annuel, publié vendredi et présenté au Congrès, s’intéresse aux pays dont la balance commerciale est largement excédentaire et qui interviennent sur le marché des changes pour empêcher leurs monnaies de s’apprécier, ce qui rendrait leurs exportations moins compétitives.

Le troisième critère d’évaluation est la taille de l’excédent de leur compte courant, une mesure plus large du commerce qui comprend les flux financiers.  

La Suisse a dépassé les seuils fixés par les États-Unis dans ces trois catégories au cours de l’année civile 2021, ce qui a entraîné de nouvelles discussions bilatérales entre les deux pays, ont indiqué de hauts responsables du Trésor au cours d’une conférence téléphonique.  

Les discussions doivent se poursuivre avec les autorités suisses sur son intervention sur les marchés des changes afin d’empêcher le franc suisse de se renforcer, ont-ils ajouté.

Au total, 12 pays sont actuellement placés sous surveillance : la Chine, le Japon, la Corée, l’Allemagne, l’Italie, l’Inde, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande, Taïwan, le Vietnam et le Mexique, a détaillé le Trésor.

Sous l’administration de l’ancien président Donald Trump, les États-Unis avaient brièvement désigné la Chine, ainsi que le Vietnam et la Suisse, comme pays manipulateurs de devises. Mais ces pays avaient ensuite été retirés de cette liste.

Dans ce dernier rapport, le Trésor martèle que l’administration Biden « s’oppose fermement aux tentatives des partenaires commerciaux des États-Unis de manipuler artificiellement les valeurs monétaires pour obtenir un avantage injuste sur les travailleurs américains ».  

Sur la Chine, le Trésor souligne que bien que le pays ait un excédent commercial bilatéral important avec les États-Unis, il n’a pas rempli les deux autres critères pour être accusé de manipulation.

Un responsable du Trésor a toutefois reconnu qu’il était difficile d’apprécier correctement la situation faute de réunions en personne en raison de la COVID-19.

« Au cours des deux dernières années, il a été plus difficile de discuter des problèmes avec la Chine parce que nous ne voyons pas les délégations chinoises en personne, comme nous avions l’habitude de le faire » avant la pandémie, a-t-il déclaré. « À certains égards, il est toujours plus efficace de pouvoir avoir des communications en personne et nous en avons certainement profité avec nos autres partenaires dans le monde ».  

Ceci étant dit, « nous sommes en mesure d’engager des conversations avec la Chine, nous avons des communications téléphoniques régulières avec eux à divers niveaux. Nous sommes donc en mesure de soulever des problèmes avec eux et nous les pressons certainement sur une série de questions liées aux questions de taux de change », a-t-il nuancé.

« L’incapacité de la Chine à publier les interventions de change et le manque plus largement de transparence autour des principales caractéristiques de son mécanisme de taux de change en font une exception parmi les grandes économies, et les activités des banques publiques chinoises en particulier justifient une surveillance étroite du Trésor », souligne par ailleurs le rapport.

Dans un communiqué, la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, souligne que l’administration encourage ses principaux partenaires commerciaux à calibrer « soigneusement les outils politiques afin de soutenir une reprise mondiale forte et durable ».  

« Une reprise mondiale inégale n’est pas une reprise résiliente » puisqu’elle « exacerbe les déséquilibres mondiaux », a-t-elle fait valoir.