(Ottawa) Le marché du travail canadien a continué de se resserrer en mai, alors que le taux de chômage a atteint un nouveau creux record et que les salaires ont continué de grimper, maintenant la pression sur la Banque du Canada pour qu’elle continue à hausser les taux d’intérêt.

L’économie canadienne a créé 40 000 emplois en mai, stimulée par une augmentation des emplois à temps plein, a indiqué vendredi Statistique Canada, tandis que le taux de chômage a reculé à 5,1 %, son plus faible niveau depuis au moins 1976, soit le début de la collecte de données comparables.

Le taux de chômage était de 5,2 % en avril.

Statistique Canada a ajouté que le salaire horaire moyen de tous les employés avait augmenté de 3,9 % d’une année à l’autre en mai, comparativement à une augmentation de 3,3 % en avril.

Aux yeux de Benjamin Reitzes, directeur général de BMO Marchés des capitaux, le marché du travail était toujours en très bonne forme en mai.

« Il n’y a vraiment rien dans ce rapport pour dissuader la Banque du Canada de maintenir son ton dynamique et d’aller de l’avant avec de nouvelles hausses de taux dynamiques », a affirmé M. Reitzes lors d’une entrevue.

La Banque du Canada a relevé la semaine dernière son taux d’intérêt directeur d’un demi-point de pourcentage à 1,5 % dans le but d’aider à freiner l’inflation, qui est à son plus haut niveau en trois décennies. L’inflation annuelle a atteint 6,8 % en avril, enregistrant sa croissance la plus rapide d’une année à l’autre en 31 ans.

Lorsqu’elle a haussé son taux directeur, la banque centrale a expliqué qu’elle était disposée à agir avec plus de force si nécessaire, suggérant qu’elle pourrait augmenter les taux encore plus rapidement, notamment en leur imposant une progression de trois quarts de point de pourcentage, a rappelé M. Reitzes.

« Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit dans ce rapport sur l’emploi qui les pousse à être encore plus dynamiques que cela, mais cela ne les dissuadera certainement pas », a-t-il estimé.

Alors que la Banque du Canada relevait les taux d’intérêt, faisant grimper le coût de l’emprunt, le marché immobilier montrait des signes de ralentissement par rapport à son rythme effréné.

Cependant, l’économie dans son ensemble a continué de progresser et, ce qui est le plus important pour la Banque du Canada, l’inflation n’a montré aucun signe de ralentissement.

Le nombre d’emplois à temps plein a augmenté de 135 000 le mois dernier, tandis que celui d’emplois à temps partiel a chuté de 96 000, a précisé Statistique Canada.

Gains dans le secteur des services

L’économiste James Orlando, de la Banque TD, a souligné que, au moment même où les Canadiens recommençaient à prendre d’assaut les terrasses et s’engageaient enfin sur la route des vacances, les employeurs continuaient de rechercher des travailleurs pour répondre à la demande accrue.

« (Ce contexte fait grimper) les taux de postes vacants à des niveaux records, ce qui montre clairement que l’économie canadienne fonctionne au-delà du plein emploi », a écrit M. Orlando dans un rapport.

Le secteur des services a enregistré un gain de 81 000 emplois, a indiqué Statistique Canada, alors que les services d’hébergement et de restauration en ont ajouté 20 000. Le nombre d’emplois dans les services professionnels, scientifiques et techniques a augmenté de 21 000, tandis que celui des services d’enseignement a grimpé de 24 000. Le secteur du commerce de détail a pour sa part accueilli 34 000 nouveaux travailleurs au cours du mois.

Le transport et l’entreposage ont perdu 25 000 emplois, tandis que le nombre d’emplois dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail a diminué de 19 000.

Pendant ce temps, le secteur de la production de biens a perdu 41 000 emplois en mai, alors que 43 000 emplois manufacturiers ont été perdus, a poursuivi l’agence fédérale.

Le chômage de longue durée, c’est-à-dire les personnes à la recherche d’un emploi ou en mise à pied temporaire depuis 27 semaines ou plus, représentait 19,7 % du chômage total en mai, contre 15,6 % en février 2020, soit avant le début de la pandémie.

Peu de changements au Québec

Au Québec, le taux de chômage a augmenté de 0,3 point de pourcentage en mai pour atteindre 4,2 %, ce qui s’expliquait surtout par le plus grand nombre de personnes à la recherche d’un emploi. Le nombre d’emplois en tant que tel a peu varié puisque la hausse observée dans le travail à temps plein a été contrebalancée par la baisse enregistrée dans le travail à temps partiel.

Le Nouveau-Brunswick est la seule province à avoir affiché une baisse de l’emploi en mai, de 1 %, ce qui a contrebalancé une partie des hausses observées en mars et en avril. Le taux de chômage a peu varié, s’établissant à 7,1 % comparativement à 7,0 % en avril.

Pendant la même période, le taux de chômage a bondi de 6,0 % à 6,7 % en Nouvelle-Écosse et il a diminué de 8,1 % à 7,8 % à l’Île-du-Prince-Édouard.