(Washington) Plusieurs responsables de la banque centrale américaine ont estimé mardi qu’une hausse des taux rapide dans les prochains mois est nécessaire face à la menace que représente la forte inflation, quitte, selon certains d’entre eux, à voir le chômage temporairement remonter un peu.

« Je m’attends à ce que [la Fed] agisse rapidement pour ramener les taux directeurs à des niveaux plus normaux cette année », soit aux alentours de 2 à 2,50 %, a indiqué le président de la Fed de New York John Williams, lors d’une conférence en Allemagne de la Bundesbank et de la National Association for Business Economics (NABE).

Selon lui, la Fed a « les bons outils pour atteindre [ses] objectifs ».

Les taux sont actuellement situés dans une fourchette comprise entre 0,75 % et 1 %. La Fed les avait relevés d’un quart de point de pourcentage mi-mars, puis d’un demi-point de pourcentage supplémentaire le 4 mai, premier tour de vis de cette ampleur depuis 2000.

D’autres hausses d’un demi-point de pourcentage pourraient intervenir lors des deux prochaines réunions, mi-juin et fin-juillet.

« C’est le bon moment pour augmenter les taux, car l’économie peut le supporter », a de son côté déclaré Christopher Waller, l’un des gouverneurs de l’institution.

« L’idée est que nous allons faire baisser cette inflation, […] nous connaissons les dommages qui se produisent si nous ne le faisons pas », a-t-il souligné, ajoutant que cela peut être mené « sans avoir un impact important sur l’emploi ou le chômage ».

« Défi de taille »

La présidente de la Fed de Cleveland, Loretta Mester, a pour sa part averti qu’une hausse du chômage « pendant quelques mois » est possible, de même qu’un autre trimestre de repli du produit intérieur brut (PIB).

« Il y a beaucoup de choses qui bougent en même temps, mais notre intention est de maîtriser l’inflation et avoir une expansion durable comme résultat », a-t-elle cependant précisé, dans une interview à la chaîne Yahoo Finance.

Elle aussi se dit « à l’aise » avec des hausses de taux d’intérêt de 0,50 % lors des deux prochaines réunions de la Fed : « nous devons maîtriser l’inflation, ce qui signifie augmenter les taux d’intérêt ».

« Il ne fait aucun doute que le défi pour la Fed est de taille. Je pense que les choses seront parsemées d’obstacles », a-t-elle encore mis en garde.

John Williams, de son côté, n’anticipe pas de rebond du chômage. Il table pour 2022 sur 4 % d’inflation PCE sous-jacente, c’est-à-dire sans prendre en compte les prix de l’alimentation et de l’énergie.

L’indice d’inflation PCE est celui que privilégie la Fed. Il avait augmenté, en mars, de 5,2 % sur un an sans l’alimentation et l’énergie, dont les prix ont flambé depuis le début de la guerre en Ukraine, et de 6,6 % en prenant en compte l’ensemble des prix.

Une autre mesure de l’inflation, l’indice CPI, pour avril, sera publiée mercredi.

Joe Biden a martelé mardi que s’attaquer à la forte hausse des prix était sa « plus grande priorité nationale ».