(Pékin) Des pans entiers de son économie sont paralysés par le retour de la COVID-19. Pour relancer l’activité, la Chine mise à nouveau sur les infrastructures, au risque de multiplier les projets inutiles et de creuser son endettement.

Le pays le plus peuplé de la planète a considérablement développé ses infrastructures au cours des dernières décennies, particulièrement à la fin des années 2000 lorsqu’il s’est agi de relancer une économie affaiblie par la crise financière mondiale.

Pékin avait alors investi sans compter 4000 milliards de yuans (783 506 400 000 $) dans l’économie, gonflant sa dette dans des projets parfois inutiles, mais soutenant au passage la reprise économique mondiale.

Cette fois, le pouvoir chinois n’a pas annoncé de plan chiffré de développement des grands travaux, selon le compte-rendu d’une réunion de l’État-Parti diffusé mardi soir par l’agence Chine nouvelle.

« Xi Jinping a appelé à des efforts tous azimuts pour renforcer la construction des infrastructures », a rapporté l’agence de presse officielle.

L’état actuel des installations de la deuxième économie mondiale « reste incompatible avec les exigences du développement et de la sécurité nationale », ont reconnu les dirigeants chinois.

Afin notamment de « soutenir la demande intérieure », il convient d’investir dans les transports, l’énergie et les ressources hydrauliques.  

La réunion a mentionné tour à tour une multiplication des investissements dans les voies navigables, les ports, les aéroports, les énergies vertes, la recherche, l’informatique et les télécommunications.

Faire mieux que l’Amérique

La Chine est confrontée depuis le début de l’année à un ralentissement de son économie provoqué par la généralisation des mesures de quarantaine, dans l’espoir d’enrayer un fort regain épidémique.

Shanghai, moteur économique majeur du pays, est en confinement depuis début avril, sans date de fin en vue. Auparavant, la métropole technologique de Shenzhen avait elle aussi été placée en quarantaine l’espace d’une semaine.

Ces coups d’arrêt à l’activité rendent de plus en plus hypothétique l’objectif de croissance du PIB que le pays s’est fixé à 5,5 % pour 2022.

Selon le Wall Street Journal, Xi Jinping a ordonné à son administration de faire en sorte que la croissance du pays soit supérieure à celle des États-Unis cette année.

Une telle performance permettrait de confirmer la supériorité supposée du système politique chinois sur la démocratie à l’occidentale, aurait plaidé le numéro un chinois, selon le quotidien américain.  

En attendant, la menace d’un confinement plane désormais sur Pékin. Mercredi, la commune limitrophe de Sanhe a annoncé la mise en quarantaine de ses 752 000 habitants, après la découverte d’un cas positif.

Ailleurs dans le pays, d’importantes restrictions ont également été prises à Yiwu, ce qui risque de davantage peser sur le commerce international.

La ville, située à environ 300 km de Shanghai, est connue pour être un gigantesque marché de biens de consommation pour l’exportation.

Mais des signes positifs se dessinent également avec l’annonce de la levée jeudi du confinement à Changchun et Jilin, deux grandes villes du nord-est du pays, berceau du secteur automobile.

Pas de relance immédiate

Le retour de la crise sanitaire est venu s’ajouter à la reprise en main des secteurs immobiliers et technologiques, qui a gravement pénalisé ces dernières années ces deux piliers de la croissance nationale.

Dans ce contexte, « les projets d’accélération des dépenses d’infrastructures sont des outils politiques destinés à accroître directement la dépense publique », observe l’économiste Rajiv Biswas, du cabinet S&P Global Market Intelligence.

Mais ils ne permettront pas de relancer rapidement l’économie, avertit son confrère Ting Lu, de la banque Nomura.

« Avec les confinements, il est encore plus difficile d’accroître l’investissement dans les infrastructures, parce que les déplacements sont interdits et qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre » dans les zones concernées, remarque-t-il.

Au final, la relance par les infrastructures ne pourra au mieux que « compenser une partie de la baisse d’activité induite par le ralentissement des exportations, la chute de l’immobilier et le coût de la stratégie du zéro COVID-19 », estime Nomura dans une note d’analyste.

Les annonces de Xi Jinping ont cependant rasséréné les marchés : après une ouverture en baisse, la Bourse de Shanghai a clôturé mercredi en hausse de près de 2,5 %, tandis que celle de Shenzhen a gagné près de 4 %.