(Moscou) Vladimir Poutine a appelé jeudi à réorienter les exportations énergétiques russes de l’Europe vers l’Asie, du fait de la crise provoquée par son offensive en Ukraine, accusant les Européens de « déstabiliser le marché » en voulant se passer d’hydrocarbures russes.

« On va partir du principe qu’à l’avenir les livraisons vers l’Ouest vont baisser », a dit le président russe au cours d’une réunion gouvernementale consacrée au secteur de l’énergie dans le contexte des sanctions internationales. Il faut donc « réorienter nos exportations vers les marchés au Sud et à l’Est qui croissent rapidement », a-t-il ajouté.

« Les pays européens parlent constamment de se passer des approvisionnements russes et en faisant cela ils déstabilisent le marché et font monter les prix », a accusé le président russe.

« Les tentatives des pays occidentaux d’évincer les fournisseurs russes, de remplacer nos ressources énergétiques par des approvisionnements alternatifs, affecteront inévitablement l’ensemble de l’économie mondiale », a mis en garde Vladimir Poutine, assurant que « les conséquences d’une telle démarche peuvent devenir très douloureuses et d’abord pour les initiateurs d’une telle politique ».

Il a déclaré qu’une nouvelle stratégie énergétique à horizon 2050 devait être approuvée d’ici au 15 septembre et qu’un plan de développement d’infrastructures d’exportation d’hydrocarbures devait être prêt d’ici au 1er juin.

« Il est nécessaire d’accélérer la mise en œuvre des projets d’infrastructures, ferroviaires, de pipelines, portuaires, qui permettront dans les années à venir de rediriger les approvisionnements en pétrole et en gaz de l’Ouest » vers ces nouvelles destinations, a ajouté M. Poutine, citant, en plus du « Sud et de l’Est », les pays d’Afrique, d’Amérique latine et de la région Asie-Pacifique.  

Le président a également chargé le gouvernement de plancher avec les entreprises sur des façons de remplacer par des technologies locales les « produits, machines et équipement » étrangers importés essentiels à ces secteurs et dont ils se trouvent privés.

Cet appel du président russe à développer de nouveaux débouchés pour les énergies fossiles russes-un « virage vers l’Asie » et surtout la Chine entamé il y a plusieurs années-survient à un moment où les Européens envisagent d’élargir leurs sanctions aux hydrocarbures en provenance de Russie en réaction à son intervention militaire en Ukraine.

Le pétrole et le gaz russes qui continuent de couler vers l’Europe - leur premier marché - assurent d’importants revenus à Moscou.

Un embargo éventuel sur le gaz russe fait l’objet d’âpres discussions entre les États membres de l’UE, l’Allemagne étant l’un des principaux opposants à un arrêt immédiat de ces importations dont elle est très dépendante.

L’UE, les États-Unis et le Japon ont annoncé un embargo sur le charbon russe et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit qu’elle proposerait l’objectif d’une indépendance de l’UE envers les énergies fossiles russes d’ici à 2027.